PARTITIONS IRLANDAISES T.2


Partitions irlandaises, couplet 2

Partitions irlandaises
Deuxième couplet
Scénario : Kris
Dessin : Vincent Bailly
Éditeur : Futuropolis
64 pages
Prix : 14,90
Parution :  03 mai 2023
ISBN 9782754833905

Ce qu’en dit l’éditeur

30 ans après, le passé se rappelle aux mauvais souvenirs de la famille Pearse… et de Tim ! Déclenchée par Johnny et ses soldats de l’Ulster unioniste, une fusillade crible de balles la façade de la maison des Pearse. Un homme est tué qui s’écroule dans les bras de Mary. C’est Tim qui est visé, c’est Dylan, l’ex-petit ami de Mary, qui est tué.
Le forfait est signé « Crazy Dog ». Frank « Crazy Dog » Brown, le père de Tim… mort et enterré il y a vingt ans ! Tim est alors exfiltré de Belfast, sous protection policière, vers l’Irlande républicaine. C’est un témoin précieux pour la police. Mais un témoin indocile. La vie recluse ne l’enchante guère. D’autant que Mary, que la police a fait venir pour le convaincre de parler, annonce qu’elle est enceinte, et que Tim est le père. Alors ce dernier décide de fausser compagnie à ses protecteurs et de régler lui-même ses comptes avec le passé…

Une histoire d’amour magnifique et tourmentée dans le Belfast tout aussi tourmenté d’aujourd’hui, entre Brexit et retour des tensions identitaires. Kris et Vincent Bailly reviennent en Irlande du Nord douze ans après le succès du récit complet Coupures irlandaises.

Quatorze ans après Coupures Irlandaises, Kris et Vincent Bailly ont fait leur come back en Irlande du Nord à travers le triptyque Partitions irlandaises dont le deuxième tome vient de paraître aux éditions Futuropolis, Après Roméo et Juliette, Héloïse et Abélard, Tristan et Iseult … voici donc Tim et Mary qui vont tenter contre vents et marées de vivre leur histoire d’amour dans le Belfast de ce début de siècle alors que, Brexit oblige, on assiste à une montée en puissance des tensions identitaires et que le passé familial les rattrape.

Roméo et Juliette à Belfast

« Toutes les histoires sont des histoires d’amour ou de guerre. A Belfast, elles sont les deux. »

Cette phrase qui s’inscrit en sous-titre des deux tomes déjà parus annonce d’emblée la couleur. Partitions irlandaises, c’est du Shakespeare à la sauce Kris/DeBailly. Roméo et Juliette à Belfast. Éros et Thanatos. Roméo, c’est Tim, fils de paramilitaire protestant assassiné sous ses yeux vingt ans auparavant. Juliette, c’est Mary « Peace girl », née le jour des accords de paix au sein d’une famille catholique dont les parents militaient au sein du Sinn Féin voire de l’IRA. On comprend vite que la fiction est un prétexte pour revisiter l’histoire de l’Irlande du Nord et qu’histoire familiale et histoire nationale vont avoir des répercussions sur le présent et l’avenir de nos Roméo et Juliette irlandais.

Dans le premier opus qui se déroulait entièrement en 2019, la romance a peu à peu basculé vers le récit noir, le thriller politique. En témoigne le changement total de climat entre la première de couverture, instant cocooning de bonheur et de zénitude partagé et la quatrième où l’on voit Mary maculée de sang devant un mur : « Crazy Dog never die »… L’histoire les a rattrapés.

Le second, lui mêlera histoire actuelle et histoires familiales (au pluriel) : celle de Tim mais aussi celle de Mary dans les années 90 au moment du processus de paix.

De la romance au drame

Cette différence de ton entre les deux albums est également soulignée par les couvertures.

La couverture du tome 1, avec ses tons chauds, lumineux, Tim et Mary souriants, met clairement en évidence la romance. Alors que celle du tome 2, avec ses tons froids ou plus sombres, ses deux personnages masculins, l’un au visage fermé, l’autre portant un t-shirt à l’effigie du drapeau britannique, un enfant (qui n’est autre que Tim) à leurs côtés, la présence sur le mur du poing rouge levé et du sigle UFF (Ulster Freedom Fighters) … nous indique clairement qu’on va changer et d’époque et de registre.

Quant à la quatrième de couverture, elle est le prolongement de celle du tome 1 : Suite à l’évènement dramatique survenu à la fin dudit tome, Tim se retrouve isolé dans un phare dans le cadre du programme de protection des témoins.

Visite de Mary, révélation, pour ne pas dire annonciation (le côté divin en moins) qui va changer la donne. Déjouant la surveillance de la police, Tim décide de passer à l’action et de régler ses comptes lui-même…

Une romance irlandaise

Partition de musique, partition du pays … Partitions irlandaises avec ses premier couplet, deuxième couplet et refrain, comme Coupures irlandaises, joue sur la polysémie du titre.

Le choix du titre ? Not bad !

Vincent Bailly : Le choix du titre

Kris, notre barde brestois nous livre là une romance pleine de bruit et de fureur où en lieu et place de la harpe celtique on aurait plutôt tendance à entendre résonner les tambours Lambeg. C’est un chant à deux voix. S’élèvent tour à tour celles de Tim et de Mary avec en contrepoint les évènements se déroulant en 2019 tels les bonfire du 11 juillet …

… mais aussi et surtout ceux du passé qui viennent éclairer le présent.

Une chronique de l’histoire nord-irlandaise

L’Irlande du Nord, Kris l’a découverte lors d’un séjour linguistique en 1987, expérience qui l’a profondément marqué et qu’il a fictionnalisée dans Coupures irlandaises. Depuis, il n’a cessé de s’y intéresser à travers ses lectures, ses voyages, ses rencontres.

Kris : Découverte de Belfast en 1987

On retrouve dans Partitions Irlandaises les thèmes de prédilection du scénariste : Histoire et politique, la petite histoire dans la grande histoire avec pour cadre le conflit nord-irlandais des « Troubles » à nos jours.

Kris : Une chronique de l’histoire nord irlandaise

Tout au long du récit, la tension va aller crescendo et nombreux sont les rebondissements. Assassinats, trahisons, jalousies … tous les ingrédients du drame shakespearien sont là. Si certains secrets sont dévoilés, d’autres restent dans l’ombre …

Au nom du père

Dans ce deuxième couplet, Tim déclare:

« Ça fait 20 ans que je vis avec le fantôme de mon père et ce n’est pas un héritage que j’ai envie de transmettre »

Partitions irlandaises c’est aussi cela  : la relation père fils, les traumas transgénérationnels : répéter ou pas les erreurs du père …

« N’ayant connu de l’Irlande du Nord que la partie catholique, à un moment donné j’ai envie de comprendre la partie adverse. C’est pour ça qu’on a choisi un personnage principal qui vient lui de la communauté protestante et qui effectivement est un « fils de ». C’est un fils en l’occurrence d’un paramilitaire loyaliste. Ce gamin est traumatisé par la violence du père et par la violence de ce que sa famille a dû subir. »

Kris, Rencontre à la Parenthèse

Dans Coupures irlandaises, on découvrait l’Irlande du Nord à travers le regard extérieur d’un jeune touriste français. Dans Partitions irlandaises, de retour à Belfast après 15 ans d’exil à Londres, Tim porte également un regard légèrement extérieur sur la ville.

Out of the blue, into the black

Et cette histoire est magnifiquement mise en valeur à travers les planches en couleur directe de Vincent Bailly qui avec son côté lâché, jeté, restitue avec justesse à la fois la beauté des paysages, les interactions entre les personnages ou encore la tension et la violence avec beaucoup d’énergie.

En appendice, le dessinateur nous fait part de sa « cuisine personnelle » : crayonné, encrage, placement des ombres par lavis, installation d’une ou deux couleurs sur les fonds qui vont définir l’ambiance générale de la planche et enfin ajout des détails.

Différentes étapes de la couverture

Du storyboard aux planches finales

La question qui se pose à la fin de ce deuxième couplet est la trame même du récit : Comment échapper au poids de l’histoire familiale et nationale ? Tim et Mary y parviendront-ils ou pas ? Réponse dans le tome 3 … Kris et Vincent Bailly connaissent peut-être la chanson. Quant à moi j’ai hâte qu’ils en fredonnent le refrain.

Les extraits sonores sont tirés de la rencontre à La Parenthèse pour Kris et de l’interview réalisée à Villers BD pour Vincent Bailly.

POUR ALLER PLUS LOIN

L’interview de Vincent Bailly à la sortie de l’album au festival Villers BD (Mai 2023)

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La rencontre entre la romancière nord-irlandaise Jan Carson, Vincent Bailly et Kris en janvier dernier à La Parenthèse à Nancy.

Belfast, Les grands feux, les pères impliqués dans les « Troubles », les conséquences pour leurs enfants … Partitions irlandaises et le roman Les lanceurs de feu de Jan Carson, alors autrice en résidence à Nancy entrent en résonnance.

Les Lanceurs de feu

(Version française : 2021 et janvier 2023 pour la version poche)

« À Belfast, l’été 2014 restera dans les mémoires comme celui des Grands Feux. Bien avant les foyers traditionnellement élevés à l’occasion de la parade orangiste du 12 juillet, de gigantesques incendies illuminent la ville en toute illégalité, ravivant le spectre des Troubles. Jan Carson choisit les trois mois de cette saison si particulière pour confronter le quotidien de deux pères de famille, l’un et l’autre rongés par l’angoisse. Jonathan Murray, médecin, ne cesse de se remémorer la nuit de garde pendant laquelle il n’a pu résister à la voix enchanteresse d’une femme qui le hante désormais. Élevant seul leur enfant, il oscille entre le ravissement et la terreur de découvrir sur le petit visage inoffensif l’empreinte de sa fascinante génitrice… Quant à Sammy Agnew, ancien paramilitaire loyaliste, il tremble de devoir s’avouer que, sur la vidéo anonyme et virale du « Lanceur de feu » appelant à propager la rébellion, il reconnaît la silhouette de son propre fils. Dans la chaleur de l’été, alors que la panique gagne et que Belfast s’embrase, ces pères, que tout sépare, partagent leur culpabilité et leur impuissance face à la violence qu’ils craignent d’avoir engendrée, et finissent par se rencontrer… « 

Pour l’occasion Vincent Bailly avait amené son carnet de dessins ainsi que quelques planches du tome 2 alors en cours.

Quelques considérations de Kris sur le métier de scénariste bd

Les autres albums signés Kris et Vincent Bailly (Futuropolis)

La chronique de Lorraine Coeur d’Acier

Scénario Tristan Thil

(Futuropolis, 2022)

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L’exposition de planches originales de Vincent Bailly à la galerie de L’Atelier à Nancy (septembre 2022)

Organisée conjointement avec la Galerie du 9ème Art de Metz, cette exposition présentait entre autres des planches d’Un sac de billes, Coupures irlandaises, Lorraine coeur d’acier, Congo 1906, le rapport Brazza et quelques illustrations.

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