Cassandra Darke

Scénario : Posy Simmonds
Dessin : Posy Simmonds
Éditeur : Denoël Graphic
96 pages
Prix : 21,00 €
Parution : 04 avril 2019
ISBN 9782207142813
Ce qu’en dit l’éditeur
Cassandra Darke, Londonienne pur jus, vieille teigne misanthrope, mauvaise coucheuse en surcharge pondérale, n’est pas sans rappeler le célèbre Scrooge de Dickens. Elle ne pense qu’à elle-même et aux moyens de préserver le confort dont elle jouit dans sa maison de Chelsea à 8 millions de livres.
La galerie d’art moderne de son défunt mari a été le théâtre de fraudes qui l’ont mise en délicatesse avec la justice et au ban de son milieu. Mais Cassandra s’accorde le pardon, au prétexte qu’à côté de tous ces meurtriers récidivistes, on se sentirait presque comme Blanche-Neige. Ses fautes n’impliquent ni violence, ni arme, ni cadavre.
Hélas, dans son sous-sol, une ex-locataire, la jeune et naïve Nicki, a laissé une surprise qui pourrait bien s’accompagner de violence et d’au moins un cadavre…
Avec Cassandra Darke, Posy Simmonds, la « grande dame de la BD britannique », signe là son troisième roman graphique chez Denoël Graphic ! Smart and so british !
Après des études de français à la Sorbonne et de dessin à la Central School of Art de Londres, elle devient dessinatrice de presse à partir de 1968 et débute quatre ans plus tard une collaboration avec le célèbre quotidien The Guardian. Elle y crée en 1977 la bande dessinée The Silent Three, satire malicieuse des « intellectuels de gauche », cœur du lectorat du journal, non pas la gauche cachemire, mais plutôt la gauche shetland aime-t-elle préciser. Elle est également illustratrice de livres pour enfants avant de se lancer dans le roman graphique. Cassandra Darke est le 3ème à son actif après Gemma Bovery très librement inspiré du roman de Flaubert et Tamara Drew dans lequel une jeune femme vient semer le trouble dans une communauté d’écrivains librement inspiré de Far from the madding crowd de Thomas Hardy, tous deux servis à la sauce contemporaine.

Cassandra Darke, paru en 2019 prend lui sa source d’inspiration dans Un chant de Noël de Dickens.
L’autrice aime marcher dans les rues de Londres et c’est là que repensant au texte de Dickens, lui est venue l’idée de ce récit.
« Je marche souvent dans Londres, dans les quartiers riches ou pauvres. Ces dernières années, j’ai remarqué que les riches sont devenus plus riches, avec des voitures encore plus grandes et des restaurants encore plus chics, et que les pauvres, les sans-abri et les banques alimentaires se multiplient…«
Son héroïne, double féminin de l’affreux Scrooge, est à des années lumière des voluptueuses Gemma et Tamara ses deux héroïnes précédentes.
Ce serait plutôt la version british de Tatie Danièle. Cassandra est une riche galeriste vivant dans un quartier huppé Chelsea, mais appelons un chat un chat : elle est vieille, moche, grosse et méchante, enfin au début du moins…
En guise d’ouverture, une coupure de journal : novembre 2017, le squelette d’une jeune femme a été retrouvé dans un bois.

C’est à Londres, en pleine période de Noël, que débute ce récit, le 21 décembre 2016 pour être plus précise.


Et l’on découvre que suite à la découverte des escroqueries commises par Cassandra, celle-ci se retrouve reléguée aux bans de la société.


Saut d’un an dans le temps : nous voici en décembre 2017 à la veille de Noël. Cassandra découvre dans la salle de bain un revolver ainsi qu’un gant rose, une trousse de maquillage laissés là par Nikki, fille de sa sœur et de son ex-mari qu’elle a hébergée quelque temps un an plus tôt dans son sous-sol.

Retour sur les évènements de 2016 et nous voilà embarqués dans un polar noir doté de l’humour décalé et corrosif qu’on connaît à l’autrice jouant sur le contraste entre les deux personnages féminins mais pas que où il est aussi question de relations amoureuses, de mauvaises rencontres, d’étranges textos menaçants.

Posy Simmonds pose ici son regard aiguisé sur le Londres terriblement inégalitaire d’aujourd’hui, le déclassement social, le repli sur soi, le rejet de l’autre ainsi que deux visions totalement antagonistes du féminisme.
Comme à l’accoutumée, elle conjugue avec virtuosité, bande dessinée, pavés de textes reflétant les pensées des personnages ou faisant avancer l’action, et illustrations parfois muettes en couleur directe d’une extrême précision et élégance.
La désignation de roman graphique prend ici tout son sens.
POUR ALLER PLUS LOIN
Les autres albums
(Denoël Graphic)

« Le décor, le destin, le nom de l’héroïne vous rappellent quelque chose… c’est à dessein. Posy Simmonds donne à l’Emma Bovary de Flaubert une arrière-petite-fille en jean, baskets et lingerie fine. Personne ne sort indemne de cette satire, ni ces Anglais middle class assoiffés de grands crus et d’exotisme continental, ni cette petite bourgeoisie française aux manies insupportables.
Du désir de grandeur et de ses désillusions. De l’influence des régimes amaigrissants sur la fidélité conjugale. Splendeur et ridicules du désordre amoureux. Le grand Flaubert y retrouverait ses petits. »

« Avec son nez refait, ses jambes interminables, ses airs de princesse sexy, son job dans la presse de caniveau, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les coeurs, Tamara Drewe est l’Amazone urbaine du XXIe siècle. Son retour à la campagne, dans le village où a vécu sa mère, est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix. Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur à gros tirage, universitaire frustré, rock star au rancart, fils du pays, teenagers locales gavées de people, tous et toutes sont attirés par tamara, dont la beauté pyromane, les liaisons dangereuses et les divagations amoureuses éveillent d’obscures passions et provoquent un enchaînement de circonstances aboutissant à une tragédie à la Posy Simmonds, c’est-à-dire à la fois poignante et absurde.
Librement inspiré du roman de Thomas Hardy Loin de la foule déchaînée, un portrait à charge délicieusement cruel et ironique de l’Angleterre d’aujourd’hui.«

Ce qu’en dit Posy:
«Ces chroniques ont paru chaque samedi entre 2002 et 2005 dans The Gardian Review, supplément littéraire du célèbre quotidien britannique. Ma seule consigne était que tout devait tourner autour de la vie des lettres. Je travaillais en flux tendu – recherche d’une idée le lundi, fol espoir de l’avoir trouvée le mardi, et le mercredi, jour de remise, frénésie de travail matinal, en robe de chambre parmi les miettes de toast. Puis à 11h50, course jusqu’aux bureaux du journal, au bout de la rue (mais pas en robe de chambre) pour livrer ma planche. Le reste du mercredi était en général consacré à un lunch bien mérité.»

Une monographie
Denoël Graphic

« Célèbre au Royaume-Uni depuis les années 70 pour son travail de presse et sa longue collaboration avec le Guardian, quotidien de la classe moyenne progressiste britannique, Posy Simmonds n’a été révélée en France qu’à l’aube du XXIe siècle, avec la publication de son premier roman graphique, Gemma Bovery. Depuis, Tamara Drewe, Literary Life et Cassandra Darke ont paru ici, ainsi qu’une poignée d’albums jeunesse dont Fred, l’histoire d’un chat ordinaire le jour, rock star la nuit, ou le délicieux Chat du boulanger. Le public français ignore encore les deux tiers de l’œuvre de cette artiste prolifique. Objet d’innombrables articles, de critiques et d’exégèses enthousiastes, le travail graphique de Posy n’avait encore jamais été rassemblé dans une monographie.
C’est fait grâce à Paul Gravett, journaliste et critique anglais de bande dessinée, commissaire de nombreuses expositions.«

Les albums jeunesse

« Le chat de Sophie et Nico est mort, cela les rend tristes. La nuit d’après, ils découvrent un Fred différent de celui qui passait son temps à dormir. En réalité, il menait une vie de rock star, la nuit. C’était le chat le plus célèbre au monde. Les funérailles s’annoncent festives.«
Sarbacane, 2014

« Ce pauvre chat n’a vraiment pas de chance ! Non seulement ses maîtres – un odieux boulanger et sa femme tout aussi odieuse – l’accablent de travail, l’insultent, l’affament, mais ces coquines de souris lui jouent des tours pendables… Pourtant, elles ont grand cœur ! Voyant le chat désespéré, elles usent de mille astuces pour lui éviter les foudres de son maître. Elles feront tant et si bien qu’elles parviendront à mettre en déroute l’abominable boulanger et sa femme et à les faire fuir.«
Casterman, 2011

L’interview réalisée au Livre sur la place 2023

Deux expos
« Grand Boum Ville de Blois 2020 », Posy Simmonds était l’invitée d’honneur de l’édition 2021 et une exposition lui a été consacrée.













