Grenaille, immersion dans une microbrasserie

Scénario : Nicolas Moog
Dessin : Nicolas Moog
Couleur : Pierre Weird
Éditeur : Paquet
88 pages
Prix :16,50 €
Parution : 18 octobre 2023
ISBN 9782889324286
Ce qu’en dit l’éditeur
Nicolas Moog réalise avec Grenaille la toute première bande dessinée sur la brasserie artisanale. Techniques et philosophie de travail : tout est passé au crible par l’auteur qui se met également en scène avec la sensibilité qu’on lui connaît mais qui n’oublie pas d’insuffler dans tout cela une bonne dose d’humour et d’autodérision. Un must !
Amateurs de bière, qui plus est de bière artisanale, à vos bocks ! L’album Grenaille paru aux éditions Paquet est pour vous. Nicolas Moog, grand amateur de bière devant l’éternel et dessinateur à ses heures perdues s’est dévoué et à l’insu de son plein gré s’est immergé dans une microbrasserie lorraine, histoire de nous faire découvrir toutes les étapes de fabrication d’une bière artisanale. Loin d’être un simple témoin, il mis la main à la pâte ou plutôt à l’empâtage. Un récit rafraîchissant à consommer sans modération !

Initials BB : le combo bière bande dessinée
« Je ne travaille jamais sur commande. La vie est trop courte pour en gâcher une année à travailler sur un livre dont vous n’êtes pas à l’initiative. Autant aller casser des cailloux à Cayenne. »
Oui mais … la commande émanait de la librairie la Parenthèse et il était question d’une résidence d’artiste dans une microbrasserie. Comment ce grand amateur de bière aurait-il pu résister à cela ? Alors plutôt que de casser des cailloux à Cayenne, il a préféré brasser de la bière à Rosières-aux-Salines, bourgade située à une vingtaine de kilomètres de Nancy.

« La commande est arrivée depuis les Hauts-Quartiers de la librairie La Parenthèse de Nancy-lès-Metz en France. [NDLR : Les Nancéiens apprécieront…]. L’agitateur Stéphane Godefroid voulait faire se rencontrer le récit et les façons de faire d’un brasseur anarchiste, et la mise en bande dessinée de ce récit par un auteur de bande dessinée. »
Le ton est donné, ce sera celui de l’humour.
Le libraire, le brasseur et le dessinateur


Libraire mais également éditeur à ses heures, Stéphane Godefroid connaît très bien Julien Gunther le brasseur qui a réalisé et réalise des cuvées spéciales pour La Parenthèse notamment pour la sortie des albums de Michel Constant La dame de fer (2017, Futuropolis) et Lady Jane (2022, Futuropolis). Conquis par le personnage et sa philosophie – travailler en court-circuit et vivre de son savoir-faire – un beau matin, le libraire s’est coiffé de sa casquette d’éditeur et a décidé de mettre le brasseur à l’honneur en accueillant pour quatre mois un artiste en résidence.

Naissance du projet par l’agitateur Stéphane Godefroid
Il fallait un dessinateur. Le nom de Nicolas Moog, autre personnage qui gravite dans l’antre de La Parenthèse s’est (presque) tout de suite imposé.
Stéphane Godefroid : Quel dessinateur?
Natif de Metz-lès-Nancy, il a publié ses premières planches dès 1999 dans divers fanzines avant la publication d’un premier album en 2004 aux Requins Marteaux. Il collabore à plusieurs revues dont la revue 813 (sur les littératures policières) et La revue dessinée. Il est également musicien (banjo, guitare…) et se produit au sein de différentes formations. Sa passion pour la musique se décline à travers plusieurs albums réalisés avec Arnaud le Gouëfflec au scénario, dont Underground : Rockers maudits & grandes prêtresses du son (2021, Glénat) et tout récemment en mars de cette année Vivre libre ou mourir : Punk rock alternatif en France 1981/1989 toujours chez Glénat.


La Parenthèse à Rosières
Si l’endroit officiel de la résidence, c’était La Parenthèse, c’est à la brasserie que le dessinateur a passé la plus grande partie de son temps tout en menant en parallèle des actions à destination du public local tels des ateliers dans les écoles et les centres sociaux conformément au cahier des charges d’une résidence d’artiste de 4 mois.
Stéphane Godefroid : La résidence d’artiste
Pour son récit, rompu aux reportages en bd, le dessinateur va éviter l’écueil du reportage trop didactique en se mettant en scène. Il brassera plusieurs ingrédients : le trajet d’une bouteille de bière Grenaille de la création de sa recette à sa commercialisation, le portrait de Julien Gunther le brasseur et ses relations personnelles avec la bière, le tout saupoudré d’une bonne dose d’humour .

Loin de se limiter au rôle de simple observateur, il va être acteur à part entière lors des différentes étapes. Et tout ça, il va le mettre en scène graphiquement en usant d’un découpage et d’une mise en page variés, en forçant le trait, en faisant presque passer le brasseur pour un bourreau esclavagiste tout en se représentant lui-même en fumiste qui ne pense qu’à boire des bières. Ce procédé rend le récit extrêmement vivant.

Une couleur évocatrice …

Si l’album a été dessiné en tradi au pinceau et l’encre de Chine, la couleur quant à elle a été réalisée numériquement par Pierre Weird.
Mises à part quelques touches de couleur évoquant les étiquettes d’autres bières ou les dégâts que l’abus de ce nectar peut causer à nos organes, l’album est réalisé dans une bichromie de sable chaud qui rappelle la couleur même de la bière à moins qu’elle n’évoque un autre liquide plus organique …
De Rosières à Hambourg
Pour ce grand amateur de bière, l’aventure aurait pu se terminer outre-quiévrain mais c’est outre-rhin à Hambourg plus précisément que nous mène Nicolas Moog parti pour une nouvelle résidence à l’institut français, l’occasion pour nous de découvrir l’ASTRA, bière populaire bon marché. On a quitté le domaine de la bière artisanale pour celui de la bière industrielle. Bière de prolo, contre bière de bobo : Tout comme le bio, consommer de la bière artisanale n’est pas à la portée de toutes les bourses.

La brasserie Grenaille : bel endroit pour une rencontre, celle d’un brasseur de conviction qui plutôt que l’argent préfère brasser le houblon et d’un dessinateur qui a fait sienne le mantra d’un garçon boucher et « veut recevoir l’exrême onction à grand coup de malt et de houblon« . Prosit !

Les extraits sonores sont tirés d’une interview réalisée à la Librairie La Parenthèse durant laquelle Stéphane Godefroid avait troqué son costume de libraire contre celui d’éditeur.
« La fonction d’éditeur, c’est une fonction d’accompagnement artistique. Alors là, la fonction était un peu exacerbée puisque j’avais eu l’idée du projet. Donc ce n’est pas un projet que l’auteur a porté puisque c’est moi qui l’ai mis sur ce projet, ce qui veut dire que j’étais encore plus concerné par la manière dont il allait travailler puisque j’avais quand même une idée du résultat que j’espérais. C’est assez subtil parce qu’en même temps on l’accompagner, on doit voir si quelque chose ne va pas mais on ne doit pas le brider. Moi je ne considère pas que c’est un travail de commande et lui non plus parce qu’en fait ce n’est intéressant pour personne un travail de commande; c’est alimentaire. Il fallait que ça soit une œuvre personnelle. […] À vrai dire j’ai eu très très peu à intervenir parce que Nicolas savait ce qu’il voulait dire. C’est un grand professionnel. Il avait déjà calibré ses parties, équilibré l’ensemble de l’album et je ai eu qu’à dire oui.«
POUR ALLER PLUS LOIN
L’interview du brasseur
Interview réalisée par Olivier Lescop pour « Le son des bulles », RCN 90.7

Le site de la microbrasserie


Cuvées spéciales


Une source d’inspiration
Chronique de Francine VANHEE


