Expo La bande dessinée au Musée
Dans le cadre de l’événement « La BD à tous les étages »
Centre Pompidou, Paris
du 29 mai au 4 novembre 2024



Le 9ème art a envahi le Centre Pompidou ! Depuis le 29 mai et jusqu’au 4 novembre, l’évènement La BD à tous les étages va se décliner en cinq grandes expositions occupant les différents espaces du Musée.
Au niveau 5, espace consacré à l’art moderne couvrant la période 1900-1960, l’exposition «La bande dessinée au Musée» se décline en deux accrochages. Sous la houlette d’Anne Lemonnier, commissaire de l’exposition, 6 grandes figures de la bande dessinée Winsor McCay, George McManus, George Herriman, Will Eisner, Edmond-François Calvo et Hergé vont prendre les chemins de traverse alors qu’au cœur même de la collection permanente 15 dessinateurs et dessinatrices d’aujourd’hui vont venir dialoguer avec des œuvres significatives de l’Art moderne.
6 monographies de dessinateurs historiques
Comme point de départ du dialogue entre le 3e art et le 9e, une date : 1905.
1905, c’est l’année de naissance du Fauvisme et de Little Nemo de Winsor McCay avec la parution de la première planche de Little Nemo in Slumberland le 13 octobre dans le supplément dominical du New York Herald.
6 décennies, 6 dessinateurs, 6 oeuvres qui ont marqué l’histoire de la bande dessinée.
Winsor McCay (1869 ? – 1934)
Alors bien sûr, on va commencer avec l’emblématique Little Nemo in Slumberland.
Durant une décennie, de 1905 à 1914, Little Nemo s’est aventuré une fois par semaine au pays des rêves, l’occasion pour son créateur d’explorer le merveilleux en développant une narration graphique d’une inventivité folle avec une constante : le réveil du petit garçon dans la dernière case de la planche.
Little Nemo in Slumberland









George McManus (1884 – 1954)
Contemporain de Winsor McCay, George McManus va, lui, explorer le burlesque notamment à travers son œuvre emblématique Bringing up father – La famille Illico en français – qui vit le jour en 1913 et sera publiée dans le New York American jusqu’à sa mort en 1954. Par le récit des mésaventures quotidiennes du richissime Jiggs, McManus fera parcourir à son lecteur de nombreuses villes, brossant ainsi le portrait de l’Amérique urbaine de l’époque.
Bringing Up Father


George Herriman (1880-1944)

Né lui aussi en 1913, Krazy Kat est un chat amoureux d’une souris mais la dame n’est pas intéressée et le fait bien comprendre à coups de briques. Ajoutez à cela un chien policier qui prend la défense du matou et ne cesse d’arrêter la souris, vous aurez compris que là aussi on arpente le domaine du burlesque.
Strip quotidien en noir et blanc publié dans le New York Journal, il se verra accordé une page entière dans le supplément du dimanche à partir de 1916. Comme pour McManus, la publication cessera à la mort de George Herriman en 1944
Krazy Kat







Calvo (1892-1957)


On retrouve chez Calvo deux influences majeures : Benjamin Rabier et Walt Disney.
Avait-il vu Blitz Wolf une parodie anti nazie des 3 petits cochons de Tex Avery pour les studios Disney sortie en 1942 ? Peut-être, peut-être pas.
Il n’empêche que La bête est morte est de la même veine. Réalisé en couleur directe en pleine occupation allemande, ce récit clandestin, véritable satire anthropomorphe – chaque peuple est représenté sous forme animalière : Les Allemands sont des loups, les Français des lapins, les Anglais des bouledogues, les Américains des bisons … – a été publié en 2 tomes en août 1944 pour le premier, en 45 pour le second.
La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image lui avait consacré une magnifique exposition « Calvo, un maître de la fable » en 2020.
La bête est morte






Les aventures de Patamousse (1943-1946)

Hergé (1907-1983)
L’aventure lunaire a débuté dans le journal Tintin en mars 1950 avant de donner naissance à deux albums Objectif lune (1953) et On a marché sur la lune (1954).




La fusée à damier est inspirée par les travaux de l’ingénieur allemand Wernher Von Braun, notamment les V2 .
Dessins techniques et études d’attitudes
Will Eisner (1917-2005)


Le 2 juin 1940, naissance de Spirit , un récit de policier justicier masqué. Surfant entre ironie et mélancolie, Will Eisner s’inspirant des romans noirs va détourner les codes du polar.
Brossant un portrait de l’Amérique des quartiers populaires, il va déployer tout son talent à retranscrire les ambiances nocturnes et glauques de New York sous la pluie.
Et puis n’oublions pas que c’est lui qui le premier, en 1978, a donné l’appellation de Graphic Novel à l’un de ses ouvrages, l’album A contract with God.
Le roman graphique, en pleine expansion aujourd’hui, était né.
Spririt





Contrepoints
Quittant à présent les chemins de traverse nous pénétrons au cœur des salles de la collection permanente afin de découvrir les résonances entre 15 artistes du 3e art et du 9è art.
« La présence de planches de bande dessinée fait du bien aux chefs-d’œuvre du musée national d’art moderne, elle les éclaire. Il ne s’agit pas d’en tirer pour la BD une légitimité – selon moi cette question est acquise – mais de montrer à travers ses dialogues que les deux univers sont poreux”
Anne Lemonnier
Henri Matisse
Philippe Dupuy



«Matisse a été fondateur dans ma pratique. Au sortir de l’adolescence, j’allais m’enfermer dans la bande dessinée. Une bande dessinée elle-même enfermée par ce qui serait son péché originel, celui d’une production mercantile. Repliée sur elle-même. Avant bien d’autres, Matisse m’a ouvert la porte. Grâce à lui j’ai pu m’échapper. »
Philippe Dupuy a depuis toujours entretenu un rapport très étroit avec l’art pictural en général et l’art moderne en particulier.
En 2013, il publie Une histoire de l’art dans la revue numérique Professeur Cyclope avant que celle-ci ne prenne la forme d’un leperello de 24 mètres de long. Dans cette œuvre, Matisse, un de ses peintres préférés figure en premier lieu. Il n’est donc pas étonnant de retrouver Philippe Dupuy aux côtés du tableau Le luxe I (1907) de Matisse.
Dans Peindre ou ne pas peindre paru en 2021 dans la collection Aire de chez Dupuis, il se livre à une réflexion sur la peinture à travers Man Ray et le couturier Paul Poiret .
Dans Mon papa dessine des femmes nues paru dans la même collection en 2022, il interroge la nudité dans l’histoire de l’art à hauteur d’enfant.


Jules Pascin
Joann Sfar

Quand on sait que le dessinateur a consacré pas moins de 7 albums au peintre, Sfar aux côtés de Pascin, c’était une évidence
En effet, Pascin, l’œuvre érotique de Joann Sfar publiée à L’Association est inspirée de la vie fantasmée du peintre Julius Pincas (1885-1930), dit Pascin.
La rencontre d’un peintre et d’un modèle dans le Paris des Années folles conduira à une réflexion sur la création artistique, l’amour et la sexualité.
Pascin


Le tableau de Pascin (1916) s’intitule La belle Anglaise.
La belle Anglaise, c’est Hermine David, une femme peintre avec laquelle il entretiendra une relation par intermittence ainsi qu’avec Lucy Vidl un modèle. Léguant ses œuvres aux 2 femmes de sa vie, il se suicidera.
Son suicide est évoqué dans les toutes dernières pages de Pascin, La java bleue, album un peu à part réalisé en couleurs directes à l’aquarelle alors que les 6 autres volumes le sont à l’encre de Chine.


Theo Van Doesburg
Chris Ware

« Cet entrelacement de lignes horizontales et verticales n’est pas sans parenté avec celui que je dois invariablement tisser avant de me mettre à ma table à dessin – il semble empêcher que tout ce que je dessine ne tombe à travers la page elle-même. Mon propre rectangle de carton, cependant, n’a jamais été fait pour être accroché à un mur. Simple étape sur le chemin qui mène à l’une des nombreuses pages finales imprimées et colorées, il n’est pas une fin en soi. S’inscrivant dans une continuité, il est destiné à être lu et non vu – parcouru, et non regardé. […]Le livre c’est un peu comme une architecture : une structure que l’on comprend en l’habitant et en la traversant, une multitude de moments que l’on vit comme du temps mais dont on se souvient comme d’un espace. Idéalement, il devrait aussi ressembler à la vie. Ce qui n’est pas sans rappeler les idées de Van Doesburg : en temps que peintre, il essayait de peindre la manière dont on pense, et en tant que dessinateur, j’essaie de dessiner la matière dont on se souvient – en trouvant tous les deux notre chemin de manière indirecte par la manière dont on voit. »
Theo Van Doesburg, compagnon de route de Pietr Mondrian est un théoricien du groupe néerlandais De Stijl ; Chris Ware est un adapte de la ligne claire. Le lien entre les deux semble évident.
L’usage de la grille de Chris Ware entre en résonance avec le tableau Composition X (1918) de Van Doesburg.

Paul Klee
Brecht Evens

« Dans mes livres précédents, la présence des carrelages, des damiers a un rôle purement décoratif. Tandis que dans Le Roi Méduse, elle se cristallise en divers jeux – échiquiers, mikados, cartes, Rubik’s Cube, jeux d’attrape souris… À ces images qui évoquent l’imaginaire enfantin, vient se superposer la grille de pensée du monde pour le ramener à un jeu. Un jeu difficile, où les savoirs sont multiples, mais qui annule la complexité de notre vrai monde. »
Le Roi Méduse de Brecht Evens entre doublement en résonance avec les tableaux de Klee. Sur le fond d’abord : Le roi Méduse étant le récit d’une relation toxique entre un père et son fils fait écho au tableau Analyse de perversités diverses de Paul Klee. Sur la forme ensuite avec le damier, figure récurrente dans l’œuvre des deux artistes.



Francis Picabia
Anna Sommer

« La couleur et la texture des papiers sont des composantes primordiales. Le fond lavande du portrait de Joséphine est un papier que j’ai trouvé dans une papeterie de Londres, tandis que le papier peint du portrait de Barbara est l’épreuve d’une impression que j’ai reçue de la liquidation d’une manufacture de textiles. »
Chez Picabia, on dresse des chouettes et des chiens ; chez Anna Sommer ce sont des lapins alors que dort le tigre.

René Magritte
Éric Lambé


« Mon admiration pour Magritte est née tardivement. Ado, j’étais punk et Magritte était pour moi un peintre bourgeois dont on achetait les cartes postales dans les musées. Je considérais sa technique égale à celle d’un peintre du dimanche et son œuvre trop conventionnelle. Par ailleurs sa récupération par la publicité dans les années 1980 n’arrangeait rien à l’affaire. Au milieu des années 1990, je me rends dans une exposition et je découvre alors un Magritte bizarre, avec des peintures grotesques, beaucoup d’énergie, une forme d’autodestruction de l’artiste : c’est sa période « vache » […] Je m’intéresse alors plus profondément à sa période surréaliste et je comprends qu’il représente à la perfection l’étrangeté à partir du réel, qu’il crée un monde intermédiaire entre le réel et le spirituel. Il semble nous monter une réalité simple, objective et dégagée de toute émotion particulière pour en faire un univers mystérieux. C’est magique »
Bande dessinée 1964-2024, Éditions Beaux Arts
Pierres, masques, mots parcourent l’oeuvre des deux artistes.
Magritte est une source récurrente dans le travail d’Éric Lambé nourri par le graphisme punk du groupe Bazooka et les publications underground de la revue Raw. Véritablement fasciné par l’œuvre surréaliste de Magritte – qui lui-même avait abandonné l’abstraction dans les années 20 suite à la fascination éprouvée devant le Chant d’amour de Chirico – il lui consacrera un livre, un leperello La saison des vendanges scénarisé par David B en 2016.

Christian Schad
Gabriella Giandelli

« Après avoir vu le téléfilm « Berlin Alexanderplatz » de Rainer Werner Fassbinder, qui m’a littéralement bouleversée, j’ai commencé à m’intéresser à la peinture allemande de l’époque de la République de Weimar. Cette découverte m’a passionnée. J’ai tenté de m’approcher cet univers pictural en le transposant selon les codes de la bande dessinée. « Le portrait du Comte Saint-Genois d’Anneaucourt » me captive en particulier par sa théâtralité. Le personnage nous regarde droit dans les yeux ; c’est un homme cynique mais aussi fatigué – et son regard semble nous prévenir que ce sera bientôt pire. Il nous invite à vivre, vivre encore un peu avant que la mort n’arrive et que tout ne s’achève. »



Chrisitian Schad (1894-1982) est un peintre allemand, figure majeure de La Nouvelle Objectivité.
On a pu d’ailleurs admiré en ce même lieu le portrait ici présent lors de la très intéressante exposition Allemagne/Années 20/Nouvelle Objectivité/August Sander en 2022.
Gabrielle Giandelli l’a revisité aux crayons de couleurs et effets d’estompe.
Chez elle, le jeu de regards est différent. La baronne recadrée et le travesti ne se regardent plus et ont l’air perdus dans leur rêverie alors que le comte semble hagard. Chacun semble enfermé dans sa solitude.
Parmi les autres peintres l’ayant influencée, on peut citer notamment Otto Dix et George Grosz.

Balthus
Blutch

Ce tableau fait référence aux Hauts de Hurlevent. Catherine et sa servante Nelly sont une vision de Heathcliff, un souvenir évoqué alors qu’il se trouve seul sur sa chaise. Entrant en écho avec le vécu de Balthus alors en pleine tourmente, il évoque la fatalité de la séparation quand deux êtres s’éloignent.
Blutch le réinterprétera dans un ex-libris pour son album Vitesse moderne en 2002.




Jean Dubuffet
Benoît Jacques
Pour ces deux jongleurs de mots, bricolage et langage sont les deux mamelles de leurs champs d’expérimentation.






Robert Doisneau
Emmanuel Guibert

Dans La guerre d’Alan, Emmanuel Guibert transcrit en bande dessinée les souvenirs de guerre d’un ami Alan Ingram Cope, soldat américain débarqué en Normandie à l’âge de 20 ans.
Dans Martha et Alan, la narration ancrée dans l’Amérique des années 30 évoque son amour d’enfance. Réalisées à la pipette d’encre sur de grandes feuilles transparentes de rhodoïd, les images semblent flotter. Cela fait également écho avec la gélatine en photo qui elle aussi permet une captation et révélation de la mémoire.


Doisneau a photographié Braque chez lui, à son atelier à de nombreuses reprises à Paris ou Varengeville en Normandie. Emmanuel Guibert, ami de la famille Doisneau a eu facilement accès à ses clichés et ce sont des lieux qu’il fréquente souvent, qui l’inspirent.




Antonin Artaud
Edmond Baudoin

La pratique du dessin chez Antonin Artaud correspond avec la période de son internement en hôpital psychiatrique. À sa sortie, brisé notamment par les nombreux électrochocs qu’il a subis, il réalisera le tableau La projection du véritable corps.

Le corps est également un acteur à part entière dans la pratique d’Edmond Baudoin. Aussi, dessine-t-il debout.
« Mes pieds portant le corps, mes fesses, mon ventre, mes épaules et ma tête viennent sur mes doigts, ils tiennent le pinceau qui les prolonge. Ensuite, les traits, les points, les taches remontent sur ce même pinceau du papier à ma tête, mes épaules et redescendent à mes pieds. Une espèce d’ellipse. »
La représentation du corps en mouvement est également omniprésente dans son œuvre. Les nombreux visages qui la parcourent font résonance avec cette phrase d’Artaud
« Le visage humain n’a pas encore trouvé sa face et c’est au peintre à la lui donner. »
Antonin Artaud


André Breton
David B.
David B., cofondateur de L’Association émerge dans les années 90. Son originalité tient à son univers ésotérique ainsi que son penchant pour les contes, les rêves et les métamorphoses. La narration graphique de cet adepte du noir et blanc est foisonnante.


En 2019, il réalise Nick Carter et André Breton, une enquête surréaliste.
« Nadja » fait partie des livres que je relis régulièrement. Il recèle tout ce que j’ai voulu mettre dans « Nick Carter et André Breton » : la rencontre fortuite, le hasard, la poésie, le merveilleux et le goût pour les péripéties, et puis les promenades nocturnes dans Paris. J’ai voulu dessiner le surréalisme du point de vue d’un de ces héros de romans-feuiletons que Breton et ses amis affectionnaient.«
David B., Nick Carter et André Breton, 2019



Geer Van Velde
Dominique Goblet
Là, de toute évidence les univers chromatiques des deux artistes entrent en résonance.

« Ces couleurs se répondent : des gris, des beiges, des grèges des bruns. Lorsqu’on ouvre les fenêtres des maisons de Bruxelles, on tombe sur les jardins et les façades arrière, dans des matériaux restés le plus souvent à l’état brut. Ce sont des non-couleurs caractéristiques de la Belgique. Elles expriment très profondément un état d’esprit propre au pays, une non-appartenance, un flou, une mélancolie, un refus de chercher à plaire. »

Mark Rothko
Catherine Meurisse



« Voir. Voir la mer, des arbres, des ciels, une peinture, de la lumière… En janvier, quelques jours après le massacre, j’ai vu un ciel faire pleuvoir de l’or sur l’horizon irisé, comme dans un tableau de … de qui déjà …
–Turner.
– ... ou comme dans un …
– Rothko.
– Je voudrais être submergée par la beauté. «
Catherine Meurisse, La légèreté, Dargaud, 2016, p. 90
Dans La légèreté, Catherine Meurisse fait le récit du traumatisme causé par les attentats du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo. Pour se reconstruire, elle va se tourner vers la beauté, l’art et notamment Rothko.


Francis Bacon
Lorenzo Mattotti
« Je pense surtout à la manière dont Bacon organise l’espace dans ses tableaux. À l’énergie qu’il parvient à créer autour de ses personnages. C’est tellement fort… Le corps est aussi conçu comme un élément organique permettant de relier des entités géométriques entre elles. Cette sensation qu’il donne de mouvement figé dans de grands espaces vides, silencieux et bidimensionnels me semble d’ailleurs très proche du langage de la bande dessinée. »

Dans The Raven, album de 2003 réalisé dans la continuité d’un projet de théâtre avec Robert Wilson, Lou Reed plonge dans la noriceur des Contes d’Edgar Poe. Pour l’édition française, il demandra à Mattotti de réaliser des illustrations faisant écho à l’atmosphère inquiétante des textes de l’écrivain américain.
The Raven, 2009


Les propos des artistes sont issus d’entretiens menés par Anne Lemonnier durant l’année 2023 et retranscits dans le catalogue d’exposition.
Texte et photos de Francine VANHEE

Pour aller plus loin
Le catalogue de l’exposition sous la direction d’Anne Lemonnier


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