LA FORTERESSE VOLANTE


La forteresse volante

La forteresse volante
Scénario : Lorenzo Palloni
Dessin : Miguel Vila
Traduction Aurélie Breuil
Éditeur : Sarbacane
208 pages
Prix : 25,00 €
Parution :  03 janvier 2024
ISBN 9791040805090

Ce qu’en dit l’éditeur

Et si un OVNI changeait tout le cours de l’histoire ?

Une nuit d’été de 1933, un mystérieux avion s’écrase près de Vergiate, dans la région de Varèse, laissant derrière lui une épaisse colonne de fumée rose et un meurtre non résolu. Mussolini en personne ordonne immédiatement que l’incident soit dissimulé et met en place un groupe secret de scientifiques pour enquêter sur l’objet volant non identifié. Personne n’a jamais vu ce modèle mais tout le monde, absolument tout le monde, a une opinion sur ce qui s’est passé : une arme secrète allemande, une technologie britannique, ou encore un avion américain… La vérité finit par s’imposer : il s’agit d’une technologie extraterrestre et l’apprivoiser permettrait enfin aux fascistes de dominer le monde.

Mais très vite, l’événement fuite et, partisans italiens, Nazis et Américains commencent à s’y intéresser de près. Un tourbillon d’espionnage international se met en branle alors que la Seconde Guerre mondiale est sur le point d’éclater…

Mais que s’est-il donc passé le 13 juin 1933 en Italie ? Un mystérieux engin volant s’est écrasé près de Vergiate en Lombardie. Tel est est le point de départ de La forteresse Volante, fantastique récit rétrofuturiste mêlant espionnage et science-fiction dans l’Italie fasciste des années 30 concocté avec brio par un duo d’artistes italiens Lorenzo Palloni, côté plume et Miguel Vila côté pinceau. Dans cet album publié aux Éditions Sarbacane, originalité du récit et interprétation graphique habitée se taillent la part du lion.

Petit arrêt sur auteurs

Deux auteurs italiens pour une histoire on ne peut plus italienne.

Bédéiste, enseignant de storytelling, Lorenzo Palloni, fondateur de la Revue dessinée Italia et du collectif de dessinateurs «Mammaiuto» – qui publie ses livres en ligne gratuitement et les imprime à la demande – signe là son sixième album chez Sarbacane après The Corner (2014), L’île (2016), La Louve (2017), le diptyque Gravity Level (2020) et Burn Baby Burn (2022). Lauréat de nombreux prix internationaux pour ses scenarii, c’est vers son compatriote Miguel Vila auteur de trois récits sociétaux en solo publiés aux Éditions Presque lune Padovaland (2022), Fleur de lait (2023) et Comfortless (2024) qu’il s’est tourné pour la réalisation graphique. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le tandem fonctionne à merveille.

OVNI soit qui mal y pense

Milan, 3 juin 1996

Au Palais du Sénat qui abrite les archives de l’État de Milan, Mme Canali, est interrogée sur des évènement passés. Elle raconte …

Forteresse de Fenestrelle, 8 septembre 1943

Elle accompagne un psychiatre désireux d’interroger « Le monstre de Turin » détenu dans la forteresse.

« Racontez-moi ce qui s’est passé à Turin cette nuit-là, le 23 février 1936, en l’an 14 de l’Empire… et pourquoi. »

Il raconte en commençant comme on le lui a demandé par le commencement.

Vergiate, 13 juin 1933

Et le commencement, c’est le 13 juin 1933, nuit du crash d’un curieux aéronef dans la campagne lombarde causant au passage la disparition d’un gamin sous les yeux de son grand-père.

S’agirait-il d un prototype ? D’une nouvelle arme secrète? D’origine anglaise ? Allemande? …

L’évènement est aussitôt déclaré top secret par Mussolini qui va créer la SRS/33, section de recherches spéciales, dirigée par l’éminent professeur Marconi ayant pour mission non seulement d’enquêter sur l’origine de l’engin mais également d’étudier et exploiter cette nouvelle technologie afin d’ asseoir la domination de l’Italie fasciste sur le reste du monde …

Individus et familles pris dans la tourmente de l’histoire et de l’Histoire

Après le prologue Morts et enterrés se déroulant en 1996, le récit va se scinder en deux parties relatant les évènements de juin 1933 à février 1936. Dans la première partie intitulée Introduction domaine privé, nous pénétrons au sein de trois familles auxquelles appartiennent les protagonistes de cette histoire. La famille Meliore pour commencer. Un gros boum, un panache rose qui illumine le ciel, voilà qui a attisé la curiosité du jeune Aurelio qui s’en est allé faire quelques clichés, en toute discrétion évidemment.

Un autre membre de cette famille va également être fortement impliqué dans l’intrigue : Il s’agit d’Attilio son frère ainé qui lors de l’évènement séjournait dans la famille de son grand ami Ferdinando, fils du général Contin. Tous deux dévoués à la cause fasciste vont être dès le lendemain dépêchés sur place afin de prêter main forte.

Le récit s’articule autour de ces deux frères liés par une profonde affection mais que tout va opposer : Attilio, engagé dans les jeunesses fascistes mandaté pour protéger coûte que coûte le secret et Aurelio, journaliste en herbe épris de justice qui, afin de révéler au grand jour les mensonges du régime, va se lancer dans un reportage photo, pas seul mais avec son amie Benedetta. Et voilà l’entrée en scène de notre troisième famille, la famille Joeli, une famille juive.

Attilio et Ferdinando d’un côté, Aurelio et Benedetta « les meilleurs espions du monde » de l’autre, le décor est planté, les personnages sont en place, le drame peut commencer car c’est là une grande réussite du récit, de montrer l’impact que cela va avoir sur des familles, sur des individus, jeunes de surcroît, car évidemment aucun n’en sortira indemne…

Les personnages et les relations qu’ils entretiennent sont complexes d’autant plus quand l’amour s’en mêle. Lorenzo Palloni va habilement contourner l’écueil du manichéisme notamment à travers le personnage d’Attilio traversé par de nombreux états d’âme parfaitement rendus graphiquement par Miguel Vila.

Développement : apocalypse secrète

C’est sur la découverte irréfutable de la nature extraterrestre du vaisseau et de ses occupants que s’achève la première partie. La seconde, elle, va se dérouler sur un laps de temps beaucoup plus court : du 20 février au fameux 26 février 1936.

Partisans italiens, Nazis et Américains vont entrer dans la danse. C’est la course à l’échalote : Personne ne doit s’emparer de cette technologie ultra avancée qui pourrait permettre à l’Italie fasciste de se rendre maître du monde.

À peine une semaine donc mais extrêmement riche en rebondissements durant laquelle sous le prisme de la paranoïa vont s’enchaîner et se télescoper espionnage, manipulations, trahisons, mensonges, retournements de situations, disparitions … dans un climat hypertendu prélude à la Seconde Guerre Mondiale.

Dans cette partie tout particulièrement, Lorenzo Palloni va jouer avec les codes des récits de science-fiction, d’espionnage, voire d’horreur et émailler le récit de clins d’œil cinématographiques.

Ainsi par exemple, va-t-on croiser à plusieurs reprises des Men in Black relookés Blues Brothers.

On peut également y voir un côté très lynchien lorsque leurs ombres floues viennent imprimer la pellicule ou encore lors des apparitions de l’homme phalène ou homme papillon annonciateur de catastrophes …

Uchronie à plus d’un titre

Qui n’a pas entendu parler de l’Affaire Roswell, la plus célèbre supposition de l’existence et la manifestation d’extraterrestres? Si l’affaire Roswell a fait grand bruit, ce n’est pas le cas d’une autre affaire qui elle aurait eu lieu quatorze auparavant. Quand ? Le 13 juin 1933. Où ? En Lombardie, près de Milan … Ça ne vous rappelle rien ?

G. Marconi

Roberto Pinotti,  sociologue, journaliste et écrivain, ufologue fondateur et secrétaire du Centre national des ovnis, dit détenir des preuves concernant le crash d’un OVNI le 13 juin 1933 dans les environs de Milan (Italie) dont deux télégrammes d’époque, dont le but aurait été d’étouffer l’affaire. Il évoque l’existence d’une commission secrète nommée Gabinetto RS/33 mandatée par Benito Mussolini qui aurait été dirigée par Guglielmo Marconi, prix Nobel de physique 1909, l’un des inventeurs de la radio et la télagraphie sans fil. L’engin volant aurait été caché dans un hangar à Vergiate avant que les Américains ne s’en emparent à la fin de la seconde guerre mondiale …

Quel fantastique point de départ pour un scénariste ! C’est la fictionnalisation de cet évènement lui-même peut-être fictif qui va donner naissance à La Forteresse volante dont le titre soit dit en passant est un clin d’œil au surnom du Boeing B-17 – Flying Fortress – le célèbre bombardier américain qui fut l’un des avions les plus utilisés lors de la seconde guerre mondiale et dont le premier vol date de 1935 .

Un contexte historique extrêmement précis

Très subtilement, par petites touches qui vont venir s’additionner et se superposer, Lorenzo Palloni va nous brosser le tableau de l’Italie fasciste de l’entre deux guerres.

Alors bien sûr, on va retrouver l’iconographie et les symboles fascistes : les chemises noires, les portraits du Duce, le faisceau qui est au parti de Mussolini ce qu’est la croix gammée pour celui d’Hitler, la célèbre formule Tout dans l’état, rien en dehors de l’état, rien contre l’état ainsi que l’hymne officiel du Parti évoqué avec finesse à travers sa version originale Giovinezza – jeunesse en italien – une chanson étudiante apolitique de 1909 qui célèbre avec nostalgie la fin des études et de la jeunesse.

Sont évoquées également la réquisition des villas des riches industriels par le parti fasciste et la création de Carbonia, cette ville minière de Sardaigne inaugurée par Mussolini où étaient envoyés de nombreux dissidents, prisonniers politiques et homosexuels pour servir de main d’œuvre. C’est sur eux que Marconi pense tester le « rayon de la mort »

Ce sera aussi l’occasion de découvrir certaines des organisations et actions mises en place par le régime: l’OVRA, organisation de surveillance et de répression de l’antifascisme, l’Opera Nazionale Balilla – organisation de la jeunesse, sorte de scoutisme paramilitaire créée en 1926  – à travers l’appartenance des jeunes protagonistes, Ferdinando et Attillio faisant partie des avangardisti (garçons entre 14 et 18 ans), Aurelio des ballilla, (garçons entre 8 et 14 ans) ainsi que les Lictoriales de la culture, cycle annuel de manifestations et concours culturels, artistiques, économiques ou sportifs destinés aux jeunes universitaires entre 1932 et 1940.

Aurelio lit Il Monello revue hebdomadaire de bande dessinée pour la jeunesse dont le n°1 est paru précisément en mai 1933.

Le vaisseau est convoyé dans les locaux de la SIAI-Marchetti,  une société italienne de construction aéronautique qui a connu ses heures de gloire durant les années 1920 à 1940 sous le nom de Savoia-Marchetti.

Et puis en toile de fond le traumatisme de la défaite de la première guerre mondiale à travers les pères : celui d’Atillio, ardito mort à la bataille de Vitorio Veneto en 1918 et celui de Ferdinando,

Les deux auteurs nous brossent également le tableau de la société de l’époque au climat délétère où l’égalité homme-femme était loin d’être acquise, l’homosexualité alors clandestine était tabou et l’antisémitisme avait de beaux jours devant soi – inégalité, homophobie et antisémitisme étant les trois mamelles du fascisme.

13 juin 1933 … 8 septembre 1943 … 3 juin 1996

Le récit joue donc sur 3 temporalités. Tout comme le 13 juin 1933, les deux autres dates ne sont nullement le fruit du hasard mais correspondent elles aussi à des évènements bien précis. En Italie, l’armistice signée secrètement le 3 septembre a été rendue publique le 8 septembre sous l’appellation de proclamation de Badoglio du 8 septembre 1943.

Quant à juin 1996 cela fait bien sûr référence à Roberto Pinotti qui a déclaré plancher sur le sujet depuis 1996, date à laquelle les premiers documents attestant de l’incident de 1933 lui auraient été remis.

Pour d’autres évènements en revanche, on peut noter un décalage dans le temps une certaine anticipation. Ainsi, Lorenzo Palloni aime-t-il brouiller les pistes et se jouer du lecteur en distillant quelques anachronismes. Bien qu’étant à l’étude dès le début des années 30, les premiers prototypes de la voiture du peuple allemande ont testés en 1938 et le Cynar, le fameux apéritif à l’artichaut n’a vu le jour qu’en 1948.

Et que penser d’Aurelio déclarant Il s’est passé un truc étrange comme en Amérique … ou de Santina disant à Marconi « Vous avez inventé la radio, le télégraphe le radar ! Vous allez gagner dix autres pris Nobel » ?…

Une aventure graphique

Si la narration graphique de Miguel Vila peut en dérouter certains, elle rappelle le procédé utilisé par Chris Ware – source d’inspiration assumée par le dessinateur – ou encore évoquer La couleur des choses de Martin Panchaud.

« Je l’ai “empruntée” à la phase stylistique la plus récente de Chris Ware, que l’on peut voir dans le volume de Rusty Brown. Je pense que l’alternance d’espaces blancs et de vignettes reliées entre elles “personnalise” le flux narratif d’une page : la lecture est accompagnée le long d’une ligne temporelle spécifique et, en même temps, elle se ramifie dans les détails et les actions simultanées de cette scène, sans perdre son orientation. L’absence de structure rigide permet également de donner à chaque vignette la bonne dimension : le poids narratif doit changer, il ne doit pas toujours être le même.« 

S’échappant sans cesse du gaufrier traditionnel, il nous offre des planches dont la composition est constamment renouvelée en jouant sur la forme des cases, leur agencement, les changements d’échelle et de points de vue.

Les couleurs sont désaturées. Ajoutant à l’étrangeté du récit, la couleur du vaisseau, le rose, souvent accompagnée de sa complémentaire le vert domine l’ensemble et ce, jusque dans les bulles.

Si, question physionomie, les personnages ne sont pas à leur avantage, Miguel Vila les a dotés d’une grande expressivité qui rend palpables les sentiments et émotions qui les traversent. Il a également fait preuve d’une grande rigueur dans la représentation des lieux.

Tout comme il s’était ouvert sur les épisodes de 1996 et 1943, le récit se referme en 1943 puis 1996. Pour conclure, laissons le mot de la fin à deux protagonistes de cette véritable expérience narrative foisonnante et palpitante :

On est une fable pour enfants. Un récit d’épouvante à raconter autour d’un feu de camp, une histoire drôle pour les piliers de comptoir…

Certaines idées survivent, et ça, ça fait peur ...

POUR ALLER PLUS LOIN

« 1920, port de Boston. Des dizaines de corps sont étendus là, sur le quai : ce sont des miséreux, des immigrés italiens morts pendant la traversée. Italo Serpio a été convoqué par la police pour reconnaître le corps de son frère.
Serpio, anarchiste qui a infiltré la mafia pour la détruire, est convaincu que son frère a été assassiné : il veut venger ce crime. Il va alors mener l’enquête à sa manière, avec la densité âpre du tueur fruste et direct qui le caractérise.
Pas évident, car il vient de « récupérer » les deux enfants de son frère désormais orphelins, qui vont peu à peu lézarder sa carapace, pour que, peut-être, in fine « l’immigré italien idéaliste » pointe à nouveau son nez… »

« Dans un futur proche, des régimes totalitaires s’affrontent au cours d’un conflit mondial sans fin… Lors d’un transfert, le fourgon qui transporte un groupe de prisonniers, constitué de femmes, d’hommes et d’enfants, a un accident. Après avoir tué leurs geôliers, les prisonniers s’évadent, et s’enfoncent dans la forêt….
À la tête de la révolte, Antoll prend peu à peu le contrôle total de l’île sur laquelle ils étaient retenus. La vie s’organise sur cette île qui semble désormais oubliée de la guerre. Une démocratie naît, avec des règles identiques pour tous. Jusqu’au jour où, vingt ans plus tard, un étrange soldat échoue sur la plage…
Les tensions montent et deux groupes s’opposent : faut-il tuer ce soldat pour se protéger et devenir à son
 tour des tyrans, ou
 au contraire l’accueillir, au risque de tout perdre
? »

« Une femme puissante. Ginger, La Louve, est l’héroïne androgyne et cruelle de ce récit haletant. Collecteuse d’argent sale, elle travaille seule et sans filet pour un prêteur sur gages. Pour recouvrer les dettes elle emploie, jusqu’à la nausée, les méthodes les plus dures : tabassage en règle, menaces, torture, enlèvement, meurtre…
Mais elle a aussi une seconde vie, une vie de famille bien plus tranquille… Ginger se trouve tiraillée entre les deux, la violence extrême et la douceur, une ombre semblant peser sur son passé ; au milieu de ce chaos, elle cherche à donner un sens à sa vie…
« 

« La Terre, futur indéterminé. La gravité a disparu. Vikt, Ibu, Waka, Bek et Pwa, cinq jeunes en rébellion vivent dans une ville souterraine artificielle, où chacun est minutieusement surveillé. Le jour où l’une de leurs provocations dégénère, ils n’ont d’autre choix que de fuir… vers l’extérieur interdit. Comment survivre dans ce monde inconnu ?

Après moult frayeurs et découvertes, nos héros poursuivent leur chemin à la surface d’une terre renaissante, et approchent de leur but : les mystérieuses bulles de gravité.Mais les dangers sur la route ainsi que les tensions au sein du groupe sont de plus en plus nombreux, et nul ne saura dire à la fin, qui restera. Comment trouver sa place dans un monde dévasté ? »

« 3 générations de flics dans les émeutes de L.A. …
11 août 1965, une vague de chaleur submerge Los Angeles ; les esprits s’échauffent ; une altercation éclate entre un policier blanc et une famille afro-américaine dans le quartier majoritairement noir de Watts ; les émeutes se répandent comme une traînée de poudre. Mais Syd Bonnano, jeune flic brillant tout juste promu, et son père Stan, policier lui aussi, ont d’autres chats à fouetter : un maniaque profite du chaos pour carboniser des prostituées et leurs macs.
27 ans plus tard, le 29 avril 1992, LA s’embrase à nouveau après l’acquittement de 4 policiers blancs qui ont passé à tabac Rodney King, un citoyen noir qui avait fait excès de vitesse. Là encore, une série de meurtres sont perpétrés selon le même modus operandi : immolation par le feu. Mais cette fois-ci, toutes les victimes sont des flics qui ont servi (ou sévi ?) lors des émeutes de Watts.
Ces meurtres ont-ils un lien ? Que s’est-il réellement passé en 1965 qui aurait poussé Syd à rendre définitivement son insigne ? Pourquoi sa fille, Ève, officier de police elle-même, ne lui parle plus 
? »

« Avec ses faux airs de parc d’attractions, Padovaland emmène le lecteur dans la province et les banlieues du nord-est de l’Italie, où le bien ne se distingue plus du mal, le coupable de la victime, où chaque relation, chaque geste, chaque personne se retrouve à agir dans une zone grise morale dénuée de sens. Dans ce récit parfois presque clinique, nous suivons la vie d’un groupe de jeunes de vingt ans anesthésiés par l’ennui et l’alcool Spritz, les réseaux sociaux et les relations amoureuses désastreuses. C’est le portrait froid d’une génération sans but qui nous fait réfléchir sur la désolation des relations humaines à l’ère du numérique. 
Une histoire chorale habilement orchestrée, qui fait référence au travail de Daniel Clowes, Nick Drnaso ou Paolo Bacilieri, tous grands conteurs de la décadence morale de l’homme contemporain.
« 

« Après Padovaland, récit choral sur la jeunesse désabusée multiprimé en Italie en 2021, miguel vila revient ici en mettant en scène un couple de jeunes adultes en crise qui implose avec l’arrivée d’une mère perturbatrice. Avec un regard particulièrement chirurgical, voyeuriste et désenchanté, l’auteur dissèque au scalpel ce trio amoureux pour mettre ses personnages à nu et les observer dans leurs hypocrisies, leurs insécurités et leurs désirs inavouables ».

« Après les très remarqués Padovaland et Fleur de lait, nominé dans la sélection officielle du FIBD 2024, paraît en Italie Comfortless le dernier chapitre de la trilogie Nord-Est de Miguel Vila – fresque catastrophique d’une humanité à la dérive où l’on retrouve le style de l’auteur dans sa façon de décrire les affres du quotidien.
Ce dernier opus reprend l’univers narratif des deux premiers titres, revenant à un conte choral et polyphonique dans lequel les vices, les peurs et les égoïsmes sont portés jusqu’à la limite de l’exaspération.
« 


Laisser un commentaire