Cadres noirs

Épisode 1/3 : Avant
d’après Pierre Lemaître
Scénario : Pascal Bertho
Dessin : Giuseppe Liotti
Couleur : Gaétan Georges
Éditeur : Rue de Sèvres
72 pages
Prix : 16,00 €
Parution : 16 février 2022
ISBN 9782369810759
Ce qu’en dit l’éditeur
Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir. Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.

Épisode 2/3 : Pendant
d’après Pierre Lemaître
Scénario : Pascal Bertho
Dessin : Giuseppe Liotti
Couleur : Gaétan Georges
Éditeur : Rue de Sèvres
72 pages
Prix : 16,00 €
Parution : 15 mars 2023
ISBN 9782369810841
Ce qu’en dit l’éditeur
« Alain Delambre est un cadre de 57 ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir. Quand l’opportunité d’un entretien d’embauche pour un grand groupe s’offre à lui, il n’hésite pas à s’impliquer corps et âme dans la méthode de recrutement quelque peu étrange : un jeu de rôles sous forme de prise d’otages, qui tourne mal et le fait se retrouver en prison. Incarcéré dans l’attente de son jugement, il tente de justifier ses actes auprès de l’opinion publique, et de maintenir les liens avec sa famille dévastée par le drame. Ses méthodes interpellent cependant les industriels responsables de sa situation : et si Alain Delambre avait tout planifié dès le début… ? »

Épisode 1/3 : Avant
d’après Pierre Lemaître
Scénario : Pascal Bertho
Dessin : Giuseppe Liotti
Couleur : Gaétan Georges
Éditeur : Rue de Sèvres
72 pages
Prix : 16,00 €
Parution : 20 mars 2024
ISBN 9782369810896
Ce qu’en dit l’éditeur
Après plusieurs mois de détention pour la prise d’otages qu’il a effectuée lors d’une session de recrutement, Alain Delambre est finalement libéré. Le plan qu’il a déployé depuis sa cellule visant à faire payer la compagnie responsable de sa situation s’étant parfaitement déroulé, il compte aller au bout de celui-ci avec sa liberté fraîchement regagnée. C’est sans compter le colosse auquel Alain et ses quelques alliés s’attaquent. Séquestration de sa famille et de ses amis, intimidation : Alain s’est lancé dans un jeu plus que dangereux dans lequel la chance peut très vite tourner. Il ne lui reste que trop peu de temps pour mener à bien son projet et sauver sa famille.

Cadres noirs, c’est un roman de Pierre Lemaître paru en 2010 chez Calmann-Lévy dont fut tiré en 2020 une mini-série en six épisodes Dérapages. Le scénariste Pascal Bertho et le dessinateur Giuseppe Liotti quant à eux ont décliné cet implacable thriller social aux multiples rebondissements en trois albums Avant, Pendant, Après à raison d’un titre par an dont le dernier est paru en ce début d’année aux éditions Rue de Sèvres.
Avant, pendant, après la prise d’otages

Tout commence par l’arrestation.
Quatre ans … Cela faisait quatre ans qu’Alain Delambre, ancien DRH avait été remercié par sa boîte. Quatre ans à chercher désespérément un job à la hauteur de ses compétences …

Et là, il venait d’atteindre le fond : suite à un geste humiliant de la part d’un petit chef qui n’arrêtait pas de le harceler, il avait riposté et venait de se faire virer du job de manutentionnaire aux messageries pharmacutiques qu’il avait accepté en désespoir de cause pour 580 € par mois.
Et puis, il y a eu cette petite annonce parue dans Le Monde :

Recherche « Assistant RH dans une grosse boîte internationale, pour participer au recrutement des cadres » C’était pour lui, il y a cru. Prêt à tout pour avoir le job, rien ne le dérange pas même de participer à un simulacre de prise d’otages lors d’une séance de recrutement. Mais ce jeu de rôles n’était qu’un jeu de dupes … L’ayant appris, réponse du berger à la bergère, il va transformer cette fausse prise d’otages en une vraie. Encore que…
Recherche « Assistant RH dans une grosse boîte internationale, pour participer au recrutement des cadres » C’était pour lui, il y a cru. Prêt à tout pour avoir le job, rien ne le dérange pas même de participer à un simulacre de prise d’otages lors d’une séance de recrutement. Mais ce jeu de rôles n’était qu’un jeu de dupes … L’ayant appris, réponse du berger à la bergère, il va transformer cette fausse prise d’otages en une vraie. Encore que…
Et si cette prise d’otages n’était qu’un leurre, une formidable mise en scène lui offrant l’occasion en détournant l’attention du staff et profitant de la pagaille engendrée de pénétrer avec l’aide d’un geek complice le système informatique de la boite et d’extorquer à Exxyalune coquette somme d’argent – on parle ici de plusieurs millions d’euros – qui le mettrait lui et sa famille à l’abri du besoin.

Il avait tout manigancé, tout planifié jusqu’au moindre détail et son plan machiavélique aurait pu, aurait dû fonctionner mais … c’était sans compter sur le caractère profondément rancunier de Fontana, ancien membre de la DGSE et responsable de la sécurité qui en avait fait une affaire personnelle…

Un thriller social
On pense bien sûr au roman Le Couperet (Rivages thriller,1998) de Donald Westlake porté à l’écran par Costa-Gavras en 2005 ayant lui aussi pour thème le chômage et les drames humains qui en découlent. La différence majeure étant que Delambre, contrairement à Burke Devore le protagoniste du couperet ne s’en prendra pas à ses concurrents mais à l’entreprise elle-même et ce sur le terrain strictement financier. L’histoire de la fausse prise d’otages, point de départ de Cadres noirs pourrait paraître quelque peu capillotractée. Et pourtant … Il ne faudrait oublier que la réalité souvent dépasse la fiction. Pour cette entrée en matière, Pierre Lemaître s’est inspiré de la vraie fausse prise d’otages orchestrée en 2005 par Philippe Santini alors directeur général de France Télévisions Publicité lors d’un séminaire au château de Romainville dans les Yvelines réunissant les cadres dirigeants de FTP afin de tester la cohésion de l’équipe et leur résistance au stress. Pendant plus d’une heure, les dits-cadres se sont retrouvés menottés, cagoulés par d’anciens membres du GIGN employés par une société spécialisée dans la gestion de crise qui réclamaient un million d’euros la diffusion d’une cassette au 20 heures de France 2 . Pierre Lemaître en a fait son miel.

Ce sera l’occasion pour le romancier de mettre le doigt sur le manque d’humanité du monde du travail, le traumatisme et le sentiment de déclassement et d’humiliation provoqué par le chômage de longue durée et le changement qu’il instille dans le regard des proches. Seront évoqués également le rôle des médias et l’influence de l’opinion publique qui suite à la publication de son livre vont le faire passer su statut de preneur d’otage à lanceur d’alerte, la célébrité influant sur ses conditions de vie en prison.

Exxyal, ton univers impitoyable
Lors du procès, Exxyal va minimiser l’impact de la prise d’otages et passant sous silence les treize millions détournés et mettre la pression sur ses membres pris en otage en leur dictant leur témoignage afin de dissimuler l’existence d’une caisse noire … Si la série met bien en évidence les dérives du management et le cynisme des dirigeants de ces grandes multinationales, elle n’en montre pas moins l’impact délétère sur ceux qui en sont le jouet. En effet, si au départ Delambre est une victime du système, ne devient-il pas par son côté manipulateur et jusqu’au-boutiste un rouage de ce système où tous les coups sont permis au nom de la sacro-sainte réussite matérielle?
Une comédie humaine
Cadres noirs, c’est aussi une belle étude de personnages, à commencer évidemment par Alain Delambre, personnage on ne peut plus complexe. Qui est-il ? Un chômeur désespéré ? Un lanceur d’alerte ? Un manipulateur ? Un escroc ? Un ambitieux cynique ? Un homme soucieux de sa famille ? Un peu tout cela à la fois …
Le personnage de Delambre vu par Giuseppe Liotti
Le personnage de Delambre vu par Pierre Lemaître

Mais les autres personnages, sont également remarquablement campés et nous offrent un beau panel de la nature humaine. Quant aux relations intrafamiliales, c’est peu dire qu’elles vont être profondément bouleversées.


Lemaître en BD
Décidément, Pierre Lemaître à le vent en poupe aux éditions Rue de Sèvres. Après Au revoir là-haut (2015) et Les couleurs de l’incendie (2020), les deux premiers opus de la trilogie « Les enfants du désastre » réalisés par Christian De Metter, puis 3 tomes des enquêtes de la Brigade Verhoeven (2018 à 2021) avec Pascal Bertho au scénario et Yannick Corboz au dessin, c’est à partir de 2022 au tour de Cadres noirs de bénéficier d’une adaptation en bande dessinée toujours sous la houlette de Pascal Bertho pour le scénario mais avec Giuseppe Liotti aux pinceaux. À noter qu’entre-temps (fin 2023) est paru Miroir de nos peines, le 3ème opus de la série Les enfants du désastre et que le dernier tome de Brigade Verhoeven verra le jour en 2025. Mais l’aventure ne s’arrêtera pas là puisque Christian De Metter a commencé à plancher sur Le grand monde, premier titre du cycle Les années glorieuses.
« L’adaptation, ce n’est ni une fidélité, ni une trahison, c’est une autre œuvre »
Scénariste, comme dessinateur ont fait leur ce point de vue de Pierre Lemaître. D’un roman, ils ont fait une série. Pour Pascal Bertho, la principale difficulté était de produire une histoire qui soit « aussi intéressante, dense et rythmée que le roman ». Pari réussi!
L’adaptation de Cadres noirs selon Pascal Bertho
Ce sont les titres mêmes des chapitres et la temporalité qui ont induit les trois tomes. Le découpage est toutefois légèrement différent. Les auteurs ont fait le choix de regrouper dans le second tome « Pendant » la prise d’otages et le procès. Le troisième tome « Après » débute à sa sortie de prison alors que dans le roman le chapitre « Pendant » est entièrement consacré à la prise d’otages. Au cours des péripéties de ce dernier opus, lors de l’affrontement final avec Fontana, vont se mêler plusieurs fils narratifs autour de sa famille mais également de ses anciens compagnons d’infortune des messageries pharmaceutiques Romain – le geek du tome 1 – et le fidèle Charles.

Le trait réaliste vibrant d’énergie de Giuseppe Lotti, ses cadrages cinématographiques collent parfaitement à la narration punchy de Pascal Bertho rythmée par les très nombreux flashback qui peu à peu nous dévoilent le dessous des cartes. Décors fouillés, personnages très expressifs, colorisation subtile vectrice d’ambiances, scènes d’action ultra dynamiques – mention spéciale à la course poursuite dans les rues de Paris du tome – tout contribue à nous immerger dans cette histoire particulièrement addictive.
Les extraits sonores sont tirés de la conférence de presse autour de l’adaptation de l’œuvre de Pierre Lemaître en bande-dessinée qui s’est tenue au cinéma du Panthéon le 7 novembre 2023.
POUR ALLER PLUS LOIN
La conférence du 7 novembre 2023

4 novembre 2013 : Attribution du prix Goncourt à Pierre Lemaître pour Au revoir là-haut
10 ans plus tard
Mercredi 7 novembre 2023 : jour de l’attribution du Goncourt, conférence de presse l’adaptation de l’œuvre de Pierre Lemaître en bande-dessinée organisée par les éditions Rue de Sèvres réunissant Pierre Lemaître et ses adaptateurs autour d’une table ronde animée par Marie-Madeleine Rigoupoulos à l’occasion de la sortie de Miroir de nos peines le lendemain.

La boucle est bouclée, du moins pour ce qui concerne la saga des enfants du désastre, Cadres noirs ce qui n’est pas le cas mais ne saurait tarder pour Brigade Verhoeven. Quant à Christian de Metter, il va aller parcourir Le grand monde…
La vidéo de la rencontre
Brigade Verhoeven




« Le lundi 7 avril 2003, Camille Verhoeven, commandant à la Brigade criminelle, est appelé sur une scène de crime, dans une friche industrielle de Courbevoie. Deux femmes ont été torturées, tuées, dépecées… Un crime particulièrement épouvantable et déroutant. Un assassin qui a tout prévu, jusque dans le moindre détail, et qui, semble-t-il, connaît bien Verhoeven. Un peu atypique, notre commandant : la quarantaine, chauve comme un œuf, amoureux d’Irène et bientôt père de famille. Extrêmement petit : 1,45 mètre, il voit le monde en contreplongée. Rien d’un Rambo.
Les affaires qu’on lui confie sont souvent, elles aussi, hors normes. Travail soigné, Alex, Rosy & John, Sacrifices : des thrillers glaçants qui jonglent avec les codes de la folie meurtrière, une mécanique diabolique et imprévisible, des intrigues aux apparences trompeuses et aux rebondissements saisissants. »
Quant à Brigade Verhoeven autre série adaptée par Pascal Bertho mais avec cette fois Yannick Corboz au dessin, c’est une tétralogie dont trois tomes sont déjà parus : Rosie en janvier 2018, Irène en mars 2019 et Alex en octobre 2021. Le tome 4 devrait paraître en 2025. On vous en reparlera en temps voulu.



La trilogie Les enfants du désastre

« 1919. Au sortir de la guerre, la société française peine à ménager une place aux anciens poilus devenus encombrants, et les trafics les moins glorieux vont bon train.
Albert Maillard, modeste comptable qui a sauvé la vie d’Édouard Péricourt, jeune fils de bonne famille, juste avant la fin des combats, tente de les faire vivre de retour à Paris. Édouard, défiguré, refuse de reprendre contact avec les siens et imagine une gigantesque arnaque à la nation pour tenter de se projeter dans une vie nouvelle, ailleurs.«

« Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l’empire financier dont elle est l’héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d’un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement.
Face à l’adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l’ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d’intelligence, d’énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie.«

« Avril 1940. Louise, en état de choc suite au suicide d’un homme âgé sous ses yeux, se retrouve à courir nue dans Paris. Tentant de comprendre ce fait divers dans lequel elle est impliquée, elle se laissera entrainer dans le passé de sa propre mère et se découvrira un demi-frère caché. Sa route croisera au hasard les destins de Raoul, soldat déserteur emmené en prison, Fernand, un garde pénitencier et Désiré, mystérieux personnage aux nombreuses facettes. »
Cliquez sur la photo pour accéder à la chronique de « Miroir de nos peines »

La série Dérapages

Le couperet

Cadre supérieur dans une usine de papier depuis vingt-cinq ans, Burke Devore vient d’être licencié, victime des compressions, dégraissages, et autres restructurations économiques. Avec la perte de son emploi, c’est toute son existence qui s’écroule. Pour retrouver ce «?bonheur?» qu’il estime avoir mérité par son labeur, il est prêt à tout. Même à franchir les barrières de la morale. Mais quelle morale, au fait?

