Interview Régis Loisel & Olivier Pont : Un putain de salopard
au festival Quai des bulles, Saint-Malo
Octobre 2022
Bonjour Régis Loisel et Olivier Pont ! Merci de nous accorder un peu de votre temps pour nous parler de votre série « Un putain de salopard » Pourriez-vous nous dire comment est née cette collaboration parce que vous aviez quitté durant quelques temps le monde de la bande dessinée, Olivier ?
O.P : C’est vrai j’y suis revenu parce que je j’essayais de gravir les échelons de la réalisation et que j’avais du mal ! Et donc il faut bien vivre et je suis revenu à la bande dessinée par souci alimentaire.
RL : mais réalisation cinéma !
OP : Oui réalisation cinéma. J’ai fait deux albums chez Dargaud et là je sentais que je perdais un peu la motivation et je me suis souvenu d’une idée de projet qu’on avait eu 20 ans auparavant. Avec Régis on se connaît depuis assez longtemps, on était partis en vacances en Guyane et sur les pirogues on avait commencé à poser les bases d’un scénario. Je le rappelle et lui dis que j’avais besoin d’un petit coup de pied aux fesses pour me remettre à la bande dessinée enfin pour m’y remettre encore plus. Mais ce scénario ne te séduisait plus trop car c’était un peu trop sombre.
RL : Oui c’était un peu convenu. C’était un récit où on donnait aux victimes une forme de liberté. Si je me souviens bien, on donnait aux bagnards qui acceptaient de prendre femmes en Guyane un lopin de terre à défricher…
OP : Les bases étaient celles-là. Donc c’était un récit un peu dramatique et Régis n’avait pas tellement envie de ça et il m’a proposé les bases de ce qui est devenu « Un putain de salopard » et là j’ai dit ok. Voilà !
Dans le supplément du tome 2 de l’édition limitée « Bulle » on voit que parfois il y a eu de petits différents entre vous ! Je pense particulièrement à la scène d’ouverture du tome 2 avec les perroquets. Olivier vous y aviez mis des perroquets tandis que vous, Régis, vous vouliez l’orage et la foudre. Comment est-ce qu’on arrive quand on est dessinateur et scénariste à laisser le dessinateur qu’on est de côté pour laisser l’autre dessinateur prendre son envol – puisqu’on parlait de perroquet, je continue la métaphore – ?
RL : C’est uniquement une question de point de vue : je trouve que les perroquets ou les oiseaux qui rentrent dans les hélices d’avions sont des trucs qu’ont a vus et re-revus. Je préférais un truc tout simple qui était l’orage parce que c’est plus naturel. Pas la peine d’en rajouter avec des perroquets qui étaient un peu convenus !

Du coup comment se passe votre collaboration ? Vous faites un storyboard Olivier que vous retravaillez Régis ?
RL : Non je le laisse faire sa mise en scène ! Moi je fais le scénario, je décris mes images mais il n’est pas obligé d’exécuter ce que je suggère… surtout pas !
Mais par exemple les remarques que vous aviez faites sur le fantôme d’Isabelle dans le tome 2 c’était tout à fait pertinent : elle ressemblait plus à une jeune fille…
OP : Ah oui c’est vrai ça ! On collabore de différentes façons : donc Régis fait l’histoire ; après quand il me la propose sous forme de découpage en tant que dessinateur il faut que je me l’approprie ; et puis quand on est concrètement sur un découpage, il y a des dialogues qui nous apparaissent parfois un petit peu redondants, il y a des scènes pour lesquelles on se dit « tiens je la ferais différemment », donc là on retravaille et on en rediscute. Après une fois que j’ai fait le dessin – et le problème d’Isabelle c’était clairement un problème de dessin – Régis évidemment va regarder les planches et va me dire bah là voilà ta petite fille on dirait une adolescente et donc il faut la corriger dans tel sens.

RL : ce sont des réajustements quoi. Évidemment ce n’est pas pour l’embêter !
C’est pour la cohérence du récit ?
RL : Oui c’est avant tout au service du récit.
OP : Et puis ça ne m’embête pas du tout ! J’adore faire des corrections !
Vous mettez une petite rustine, ce n’est pas très grave !
OP : Beaucoup de rustines ! Mais c’est vrai que quand il m’envoie les corrections – c’est sous forme de photocopies nous on travaille vraiment à l’ancienne – il barbouille les photocopies au stylo rouge en disant « ça, ça ne va pas ». Donc moi quand je reçois le paquet en général je mets de côté un ou deux jours ! Je le lis d’abord et je me dis « Oh là là mais non mais non mais non non », je le mets de côté, ça fait son chemin et au bout de deux jours, je le reprends et me dis « bon d’accord ! Là il a raison, allez je recommence … ou pas ! » Il me faut un petit temps de décompression tout de même…
RL : Je rajouterai que c’était le statu quo de départ hein ! C’est à dire que lui si sur le scénario il sent qu’il y a quelque chose qui ne lui convient pas, il m’en parle.
OP : Je ne m’en prive pas !
RL : Et moi quand i y a un truc au niveau du dessin qui ne va pas, je le lui dis, voilà !
Ce sont des échanges donc, une sorte de ping-pong créatif…
RL : On est un tandem et on essaye lui comme moi de faire le meilleur album. Les egos sont mis de côté ! On s’en fout un petit peu.

Vous dites que vous êtes un tandem, mais vous êtes un peu un trio aussi quand même puisqu’il y a le coloriste François Lapierre.
RL : François Lapierre qui a une part extrêmement importante sur les couleurs. C’est THE coloriste.
Il vous accompagne depuis longtemps je crois ?
RL : Oui je crois que c’est le 26 eme album. Il a fait tous les « Magasin général », « Le Grand Mort » , il a repris toutes les couleurs de « La quête avant la quête » sauf les Lidwine et « l’Emprise » et même refait les couleurs de deux des miens…
Comment est-ce que vous fonctionnez avec lui tous les deux ? Vous le laissez faire ou vous lui donnez des directives ?
OP : Alors là en l’occurrence Régis m’a délégué la chose parce que c’est compliqué pour un coloriste d’avoir deux avis qui ne seront pas forcément les mêmes. Régis m’a dit dès le début « tu dessines, c’est toi qui t’occupes du truc ! » Alors je travaille avec François en lui donnant très peu de consignes au début en lui indiquant si c’est jour ou nuit ou s’il y a vraiment une couleur de vêtements ou de voiture particulière … Après, il fait ses planches et ensuite on procède par des petits allers-retours de correction qui ne sont pas énormes en général parce que il connaît très bien l’univers maintenant et il fait toujours des propositions qui me conviennent énormément. Donc on affine mais voilà pas plus que ça.
Version noir et blanc d’Olivier Pont et la même planche (p85) colorisée par François Lapierre


Alors les sous-titres de vos albums sont de plus en plus imprononçables ! Celui-ci se nomme « Guajarai » : vous avez fait exprès pour qu’on prononce tout fort en librairie le titre de la série ? Vous avez envie que tout le monde dise des gros mots ? plus sérieusement, pourquoi avoir intitulé votre série ainsi ?
RL : Parce que c’était évident !
Et puis on s’en souvient bien…
RL : Oui exactement mais c’est pas du tout provoc ni quoi que ce soit ! C’est vrai que c’est un titre qui claque donc ça c’est important et puis voilà le putain de salopard c’est tout de même un sacré personnage ! Quand la première fois j’en ai parlé à Olivier il m’a dit « … ah ouais »; il a hésité un petit peu !
OP : Non, ta mémoire te fait défaut ! J’ai tout de suite adoré « Un Putain de salopard » parce que je sais qu’au début quand on travaillait sur le projet on n’avait pas encore de titre. On parlait de « Amazonia » et d’autres trucs qui ne marchaient pas et Régis est arrivé un jour avec « Un putain de salopard » et j’ai dit tout de suite : « c’est super ! » Moi je trouvais que ça claquait vraiment, que ça faisait la différence quand il faut arriver à se démarquer par rapport à d’autres. Alors ma mère n’était absolument pas d’accord avec ça mais on ne fait pas de livres que pour sa maman ! Au début, j’ai pensé que l’éditeur allait peut-être avoir un petit souci…mais non !
Quand elles nous écrivent, les attachées de presse le désignent par « 1PDS » tout de même !
OP : Je ne sais pas, vous en pensez quoi ? Vous trouvez c’est trop grossier ?
C’est grossier mais je trouve que ça colle bien au style du personnage et de la série. Dans les dernières pages de ce tome, il est hyperboliquement méchant donc il mérite bien ces noms d’oiseau ! Mais dites-moi plutôt pourquoi est-ce que vous avez choisi de situer votre scénario dans les années 70. ? Est-ce que c’est pour opposer l’insouciance occidentale, le mouvement beatnik et hippie à la tragédie que vivait l’Amazonie à l’époque ?
RL : Oui tout ça et puis en même temps le faire à notre époque avec les portables ça ne pouvait plus passer. C’est aussi simple que ça ! Et il se trouve que les années 70 effectivement il y avait la transamazonienne, il y avait l’exploitation de tous ces pauvres gens qu’on a envoyé dans les camps forestiers etc … et c’est vrai que le fait de pas avoir de portable ni de technologie … parce que quand ils sont paumés dans la dans la jungle là ils sont vraiment paumés, il n’y a pas de satellite pour les repérer.

OP : Il y a aussi un autre truc moi que je rajoute maintenant à chaque fois c’est qu’inconsciemment je pense que Max c’est un personnage qui se rapproche de Régis qui avait 20 ans dans les années 70 et l’air de rien tu retranscris tes 20 ans, la musique de l’époque, l’espèce d’insouciance, la liberté sexuelle et tout ça… Je ne suis pas sûr que ce soit très conscient chez toi mais j’ai l’impression qu’inconsciemment cette époque t’a marqué.
Même si le titre met l’accent sur un personnage masculin et qu’on a un héros, est-ce qu’on ne pourrait pas dire tout de même qu’ « 1PDS » – comme disent les attachées de presse – est une œuvre où les femmes ont finalement la part belle ? Parce que vous avez des très beaux personnages féminins…
RL : C’est vrai qu’elles sont importantes. Mais c’est aussi lié à l’époque : c’est le début de l’émancipation des femmes. On vivait la légèreté, il n’y avait pas de problème c’était une époque bénie pour les pour les jeunes…

Alors en disant ça je pensais moins aux européennes qu’à votre trio de d’amazoniennes…
OP : Bahia, Mali, Margarida sont des femmes fortes et c’est aussi une espèce de western en Amazonie donc vraiment on est entouré de salopards enfin de brigands, d’escrocs ; il n’y en a pas un pour rattraper l’autre et on se rend compte que ces personnages féminins, du coup, il y a une solidarité entre elles et c’est ça aussi qui est vachement intéressant ! Ce sont des personnages très forts qui savent qu’elles sont perdues dans ces espèces de nid de vipères et qui pour arriver à survivre là-dedans développent une sororité.
Oui avec le personnage de Flore il y a vraiment une chaîne d’entraide !
RL : Exactement, une sororité.

Et pourquoi avez-vous introduit une dose de fantastique avec le fantôme d’Isabelle : est-ce que c’est par égard aux traditions et aux croyances amazoniennes ?
OP : Ça a fait aussi l’objet de moult discussions avec Régis qui était au début pas très pour alors que moi j’en avais envie !
RL : Non, je ne voyais pas trop ce que cela faisait là-dedans et puis je me suis habitué à cette idée et puis quand j’ai commencé à retravailler dessus on lui a donné de la cohérence. Il est vrai que j’étais rétif par rapport à cela.
OP : Il est vrai que j’ai tendance à toujours aimer poser une petite dose de fantastique pas dans tous mes projets mais j’aime bien que cette incursion de choses qu’on ne voit pas qui ne sont pas présentes et qu’on peut ressentir…auxquelles je crois pas forcément mais j’aime toujours bien ces idées là. En effet en plus dans ce milieu là il y a toujours des croyances, une espèce d’imagerie autour des des sorciers indigènes, des esprits de la forêt, de tout ça et il me semblait que c’était une dimension intéressante. J’aime bien quand c’est minime, quand ça ne prend pas le pas sur la narration, mais cette dimension m’intéressait et donc il a fallu ramer un petit peu pour le convaincre ! Mais une fois qu’il a accepté l’idée, et qu’on a commencé à lui donner corps, ça fonctionnait.
Planche du T4 « Le rituel »

RL : Ça fonctionne ! Il faut qu’il y ait une résolution et on aura tout cela dans le tome 4…
Je n’étais pas trop convaincue au tome 2 par le fantôme et je trouve ça très bien parce que, au tome 3, même si on ne parle plus trop du fantôme, on a toutes les visions de la mère de Bahia qui permettent d’amener les flashbacks d’une façon super originale et de relancer la narration !
RL : Donc le petit fantôme aura sa place…
Justement vous disiez tout à l’heure, « on verra dans le tome 4 ». Or, en 2019 quand le tome 1 est sorti vous annonciez une trilogie ! Vous aviez dit cela également pour « Le Magasin général » aussi ?
RL : C’est sûr, je suis un peu le spécialiste de la rallonge ! Enfin pas spécialiste mais bon c’est vrai que les gens vont un peu se méfier ! Mais c’est très simple : je ne me considère pas comme un scénariste qui travaille sur commande, je raconte une histoire et une histoire ça se développe.
OP : Régis, il écrit au fil de la plume c’est-à-dire qu’une scène va le renvoyer à une autre scène ; d’un coup il va se dire Ah tiens ce serait pas mal de mettre un personnage comme ça puis ce personnage il va commencer à le développer.
RL : Voilà je ne suis pas carré ! Il a raison, je travaille de manière un peu empirique, je découvre au fur et à mesure mes scènes et mes personnages .
OP : C’est comme ça que trois albums deviennent huit ou neuf albums ! Et moi mon rôle quand on travaille ensemble, c’est d’essayer de réfréner un petit peu cette plume vivace et de dire « hop, hop , hop, on a dit qu’on faisait 4 tomes, ne commence pas à développer ce machin là sinon on est parti pour 12 albums ! » J’essaye de brider la bête hein !
RL : Oui mais l’histoire avec les orpailleurs c’est toi qui y tenais !

OP : Quand nous avions été en vacances il y a 20 ans en Guyane, on avait croisé un bateau comme ça de gars qui vont aspirer le fond d’eau pour essayer de remonter les pierres et qui trient pour essayer de trouver de l’or. Tous les mecs sur ce bateau-là, on avait vraiment l’impression que c’étaient des repris de justice. Heureusement on était plusieurs mais moi tout seul sur un bateau comme ça je n’en aurais pas mené large ! Et donc ce décor était quand même assez incroyable fait de bric et de broc, de boulons, de machins et j’ai dit à Régis « on est en Amazonie, on ne peut pas se ne pas se servir de ce décor là » ! Donc voilà, de temps en temps, j’ai aussi mes petites lubies comme ça en disant « on est obligé de faire un fantôme et des orpailleurs » !
RL : Je le disais tout à l’heure, c’est un échange, Olivier participe au scénario et il m’emm… souvent parce que le tome 3, je l’ai retravaillé 3 fois !
OP : Et donc le tome 4 prépare toi à le retravailler 4 fois !
RL : Oui le tome 4 ça va être costaud ! parce qu’il va falloir clore toutes les intrigues.
OP : il est en train d’amorcer nos futures discussions, là !
Ou le tome 5 ?
OP : Non, non parce que là Régis a des projets à faire, moi aussi ; on ne peut pas s’enfermer pendant des années dans ce projet-là mais il faut qu’on arrive à bien le conclure.

Vous avez aussi fait de l’animation, vous avez aussi réalisé ?
OP : Oui, j’ai réalisé pendant quelques années pas dans l’animation mais des courts métrages, de la pub, de la série télé, et j’avais des projets de long que j’ai toujours et que j’essaie de développer mais parallèlement à la BD.
Mais justement est-ce que vous ne mettez pas réellement en scène ? La séquence de la course poursuite présente vraiment des cadrages très cinématographiques même si je n’aime pas trop dire ça parce que pour moi la BD c’est un langage particulier mais là on sent tout de même la patte d’un réalisateur.
OP : j’ai été très influencé par le travail de Régis et c’est l’un des premiers je trouvais dans « La Quête de l’oiseau du temps » dans « Le Rige » en particulier où l’on sortait des cadrages un peu plus bédéistiques classiques et où l’on sentait qu’il y avait une influence du cinéma qui était importante. Moi ça m’a marqué aussi et depuis j’ai toujours essayé de faire dans ce genre là aussi ; c’est-à-dire d’avoir des cadrages qui rappellent le cinéma où il y a beaucoup d’avant-plans, toi tu joues toujours beaucoup de la profondeur aussi. Non c’est pas du tout un défaut je trouve de dire ça ! Quand je faisais du cinéma, on trouvait que j’avais un style qui venait de la bande dessinée !

Quelles sont vos planches préférées dans cet album, Régis ?
De celui-ci ? Je l’ai à peine lu ! Alors sérieusement, je crois que c’est la séquence, totalement gérée par mon ami Olivier assis à mes côtés, de la poursuite en voiture. Ce genre de chose c’est très difficile à décrire. Quelques lignes mais on ne décrit pas techniquement et le découpage est capital. Olivier s’en est sorti de façon incroyable. Cette séquence, elle fonctionne vraiment parce que c’est dynamique
OP : ouais il faut que le truc ce soit efficace !
Et vous Olivier ?
OP : Quand l’album vient de sortir je ne vois que les défauts en général mais oui ça c’est assez classique. En fait pour moi ce sont souvent les couleurs qui me font apprécier certaines planches comme par exemple la séquence de début de poursuite en pirogue avec Bahia et Rego; je l’aime beaucoup maintenant grâce aux couleurs qu’a apportées François : cette nuit avec les ciels étoilés. Chaque fois que je découvre ses couleurs je lui dis qu’il magnifie les choses réellement et je ne dis pas cela pour le flatter. C’est vrai !

Dans les pages nocturnes y en a une qui est très belle aussi c’est la page où il y a tous les protagonistes qui sont en train de dormir…
RL : Ouais j’aime bien aussi et on finit sur le manchot. Souvent il y a des ambiances nocturnes magnifiques. Dans la séquence de poursuite aussi à la fin, quand il pleut, le travail qu’il a apporté à la couleur ça aide à dramatiser cette scène un peu plus.
OL : Donc, vous voyez je dirais plutôt ces séquences-là plutôt sombres finalement. Il arrive à ça, créer des ambiances. C’est très uni et en même temps, il y a beaucoup de nuances.

RL : Et de la dynamique ! C’est l’un des meilleurs ; il ne fait pas des couleurs jolies, style illustration, avec des petits ciels, des petits nuages, des petits zigouigouis. Évidemment ça c’est joli mais la bande dessinée, c’est l’efficacité.
OP : C’est un dessinateur en fait François Lapierre donc quand il va porter des ombres, quand il va mettre des volumes et cetera, il va le faire vraiment bien sans qu’on lui donne l’indication parce qu’il connaît déjà les volumes et les perspectives et tout ça donc c’est un grand soulagement quand t’es dessinateur et puis t’as pas besoin de de corriger ces choses-là !
Je voulais vous demander si dès le départ vous savez que tel personnage va avoir une grande importance parce que, dans le tome 3, j’ai trouvé que le personnage de Rego était vraiment très mis en avant alors qu’avant ce n’était qu’une silhouette.
RL : Mais ça c’est l’exemple typique des scénarios qui prennent du volume parce qu’à un moment ou à un autre il y a des personnages qui commencent à prendre leur importance et donc il faut aussi qu’ils vivent quelque chose. Ça prend un peu d’espace et puis il y a des interactions qui font se développer de nouveaux arcs narratifs.
OP : Au début Rego n’existe pas dans le tome 1 puis Régis arrive avec cette idée, puis dit : il va faire une enquête mais ce serait pas mal qu’il se passe un truc avec Margarita et donc du coup il faut développer ça et oui c’est comme ça que petit à petit il prend de l’ampleur tout à coup et qu’il devient l’un des personnages très importants de cet album.
RL : On avait fait une très belle scène qu’on a dû couper. À un moment il devait se retrouver avec Margarida dans la planche « sommeil » qu’on voit au tome 3 … lls étaient ensemble à ce moment-là. Mais on a dû couper la scène parce que, du fait des intrigues, ils n’étaient plus au même endroit à ce moment-là et c’était très compliqué de les réunir… Peut-être dans le tome 4. C’était vraiment une belle scène toute en retenue, en douceur et en délicatesse.
Elle apparaît bien dans le tome 4, pl.46

OP : Tout à fait toi ! Je suis entièrement d’accord quand il a fallu la couper ça a été un vrai déchirement.
Vous avez évoqué des projets qui vous empêchent de faire un cinquième tome.Quels sont-ils ?
RL : Je suis en train de travailler en tant qu’auteur complet sur un one short qui va s’appeler « Mamacumba ». Je suis parti de l’idée d’un ami qui s’appelle Jean-Blaise Djian. C’est une histoire loufoque, truculente. Ça bouge beaucoup.
Une planche de Mamacumba

OP : Mon prochain projet c’est le tome 4 et derrière je n’ai rien prévu pour l’instant parce que j’aimerais revenir à la réalisation donc j’ai des projets d’écriture mais ce sont des projets que je lance à des producteurs et je ne suis pas tellement maître de ces projets là !
Merci beaucoup à vous deux pour le temps que vous m’avez accordé et au prochain tome alors !

Interview d’Anne-Laure SEVENO


