TU NE MARCHERAS JAMAIS SEULE


Tu ne marcheras jamais seule

Tu ne marcheras jamais seule
Scénario : L’Homme étoilé
Dessin : L’Homme étoilé
Couleur : Hélia
Éditeur : Le Lombard
176 pages
Prix : 21,95 €
Parution :  16 mai 2025
ISBN 9782808215060

Ce qu’en dit l’éditeur

Alors qu’elle attend un enfant, Clémentine sent son compagnon Simon s’éloigner… Dans sa quête pour le ramener, elle se heurte à un vide qu’elle peine à comprendre. Par une intrigue bouleversante, L’homme étoilé parvient à nous faire explorer les méandres de la solitude avec délicatesse et sensibilité.

You’ll never walk alone, c’est une chanson tirée de la comédie musicale Carousel, reprise par de nombreux interprètes dont Nina Simone en 1958, treize ans après sa création. You’ll never walk alone, c’est aussi devenu l’hymne de nombreux clubs de foot dont le Liverpool FC. Tu ne marcheras jamais seule, c’est le titre du dernier album de L’Homme Étoilé paru en mai dernier aux éditions Le Lombard, un récit touchant, une belle réflexion sur la solitude, le manque quand l’être aimé s’éloigne.

Pas Là

Elle, c’est Clémentine, une petite rousse à la jolie frimousse qui travaille dans l’édition, est en pleine écriture de son premier roman et va avoir son premier enfant

Lui, c’est Simon son compagnon dont le job est d’acheter de vieilles demeures, les retaper et en faire des hôtels ou maisons de luxe avant de les revendre.

Tous deux vivent à Paris dans la suite luxueuse d’un hôtel qu’il a retapé.

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils s’aiment. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si Simon de plus en plus absorbé par son travail n’était pas de moins en moins présent. Et pourtant, il l’aime sa Clémentine. S’il n’est pas là, ce n’est pas parce qu’il ne le veut pas mais parce qu’il ne le peut pas. Alors pour compenser ce manque, Clémentine s’évade dans des rêveries, se réfugie dans les souvenirs heureux : leur rencontre à un dîner chez des amis, leur danse improvisée le même soir sur une chanson des Jacksons dans un café …

En l’attendant, elle marche seule dans les rues de Paris ou sur la plage d’Étretat.

Starman

L’Homme Étoilé, c’est ainsi que l’avait surnommé une de ses patientes en raison des étoiles tatouées sur son bras. C’est ce nom que prendra comme pseudo cet infirmier en soins palliatifs devenu auteur de bandes dessinées. Après trois albums autobiographiques À la vie ! (2020) et Je serai là tous deux parus aux éditions Calman Levy Graphic, puis Constellation (2024) aux éditions Le Lombard dans lesquels avec son regard empli d’humanité il racontait les gens et les épreuves de la vie tels la maladie et le deuil, il se tournera vers la fiction tout d’abord avec Je suis au-delà de la mort ! (Le Lombard, 2023) où là encore il sera question de deuil et de résilience mais aussi de rêves et d’amitié apportant au récit cette lumière si chère à l’auteur. Là, il est sorti de sa zone de confort – les histoires courtes, le milieu hospitalier – en se jetant dans le grand bain avec ce deuxième récit fictionnel, qui cette fois se déroule hors de l’hôpital.

Solitude

In my solitude you haunt me
With reveries of days gone by
In my solitude you taunt me
With memories that never die …

chantait Nina Simone. Et c’est bien de solitude dont il est question ici. Face aux absences répétées de Simon, au manque et au vide qu’elles engendrent, Clémentine se sent de plus en plus seule à un moment où elle aurait le plus besoin d’être entourée. Son mal-être qui va grandissant s’exprime à travers ses maux de ventre qui exorcisent sa douleur.

Cette solitude, L’Homme Étoilé a eu à cœur de la représenter graphiquement en immergeant Clémentine dans de vastes décors, bien trop grands pour elle quand Simon n’est pas là telle sa chambre située au dernier étage d’un palace où encore la plage d’Étretat.

Si [Son] métier est d’ajouter de la vie aux jours à défaut d’ajouter des jours à la vie, la bande dessinée est un moyen pour lui de transmettre les émotions tout en éclairant le récit d’un halo de lumière.

The sound of silence

Afin que le lecteur ressente les différentes émotions traversées par Clémentine de la tendresse à la colère en passant pat l’incompréhension, il a réduit le texte à l’essentiel, faisant la part belle à l’image. Aussi environ un tiers de l’album est composé de planches muettes.

Le trait rond et léger, la mise en scène dynamique, la douceur des couleurs d’Hélia la coloriste viennent contrebalancer le propos apportant une touche douce-amère au récit.

Si le texte est réduit à l’essentiel, il n’en est pas moins très travaillé notamment au niveau de la double entente et l’ambiguïté des propos de Clémentine comme par exemple quand elle dit J’ai eu tellement peur de LE perdre. LE, ça peut être Simon comme ça peut être le bébé. Si la lecture est très fluide, une seconde lecture permet d’en saisir toutes les subtilités.

Il est aussi question malgré tout d’amour, de belles relations humaines notamment entre Clémentine et Pauline, sa collègue et amie, d’espoir avec cet enfant à naître qui pose également la problématique de la parentalité et la maternité. Et, par le regard empli d’humanité que l’auteur pose sur ses personnages, il arrive à articuler tout ça sans jamais tomber dans le pathos.

Des albums connectés

C’est donc là le cinquième album de L’Homme Étoilé et ses deux derniers albums sont connectés entre eux. Comment ? Par une sorte de jeu tacite avec le lecteur. Ce grand fan d’Hitchcock s’amuse premièrement à glisser des caméos de lui et sa fille dans ses albums.

On peut également jouer non pas à Où est Charlie ? mais à Où est Freddie Mercury ?

Enfin, il inclut les titres de ses albums précédents dans chaque nouvel album.

À un moment donné, on voit Clémentine jeter le tapuscrit de Je suis au-delà de la mort. Or au détour d’une phrase on apprend que son père qu’elle n’a pas connu est un rockeur messin décédé d’un cancer et on comprend alors que Clémentine est la fille de Jean, le protagoniste de Je suis au-delà de la mort ! et on se dit qu’elle ressemble drôlement à sa maman …

Jean et sa compagne, Je suis au-delà de la mort !

Ça c’était pour le fun mais ce qui outre la thématique fait le lien entre ses différents albums, c’est la présence essentielle de la musique.

Toute la musique qu’il aime

La musique est donc omniprésente dans ses albums et après le rock, le métal et Frank Sinatra de Je suis au-delà de la mort !, ce sont ici les Jacksons et Nina Simone qui viennent rythmer le récit. La musique est au cœur même de sa création. Dans son précédent album, la musique avait inspiré certains passages de l’histoire. Là c’est en écoutant l’album Destiny des Jacksons qu’il a réussi à débloquer certains nœuds scénaristiques. De même la découverte pour lui bouleversante de Nina Simone interprétant Ne me quitte pas au hasard d’un documentaire, va plus tard lui donner la trame de l’histoire.

Et après ?

Après ce beau roman graphique, cette belle histoire, L’Homme Étoilé va revenir à ses premières amours avec un reportage dessiné sur la thématique du deuil pour lequel il est allé à la rencontre d’une dizaine de personnes spécialisées dans l’accompagnement du deuil afin de mettre en lumière toutes ces personnes dont on parle jamais et qui pourtant accompagnent les plus douloureux moments de nos existences.

POUR ALLER PLUS LOIN

La playlist de « Tu ne marcheras jamais seule » – YouTube

Avec Roger, l’Homme étoilé met une claque à la maladie sur les sons endiablés des tubes de Queen.
Avec Mathilde, il apprend à parler le suédois, Edmond lui lance un véritable défi gastronomique et Nanie finit par l’adopter, en parfaite nouvelle grand-mère. L’Homme Étoilé, l’infirmier aux plus de 100.000 abonnés sur Instagram, raconte la vie aux soins palliatifs avec douceur, pudeur, amour et humour.

En remontant le fil de ses souvenirs professionnels et personnels, L’Homme Étoilé raconte la naissance de sa vocation de soignant.

Ils s’appellent Mona, Serge, France ou encore Olivier. Ils sont tous différents mais partagent au moins un point commun : celui de faire partie de la constellation de patients que L’Homme étoilé a pu accompagner au cours de sa vie d’infirmier en soins palliatifs. L’infirmier star des réseaux sociaux est de retour sous les néons bleutés de l’hôpital pour nous faire vivre des rencontres tantôt drôles, tantôt émouvantes mais toujours pleines d’humanité, de vie, de tendresse et de lumière.

Il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves : après des années à écumer les petites salles avec son groupe de rock, Jean s’apprête à s’envoler en direction des États-Unis pour y enregistrer son premier album. Malheureusement, il n’est jamais trop tôt pour se réveiller brusquement : Jean apprend qu’il est atteint d’un cancer, et ses projets d’avenir s’accordent très mal avec la chimio. En plus, son voisin de chambre à l’hôpital est un infâme grincheux qui ne jure que par Sinatra… Mais quand tout semble se refermer devant lui, la vie offrira à Jean d’arpenter des chemins dont il ne soupçonnait même pas l’existence.

Chronique de Francine VANHEE


Laisser un commentaire