ARCO


ARCO, un film d’Ugo Bienvenu

Arco
Un film dUgo Bienvenu
Romain Brethes & Ugo Bienvenu
Éditeur : Denoël Graphic
224 pages
Prix : 35,00 €
Parution :  22 octobre 2025
ISBN 9782207185629

Ce qu’en dit l’éditeur

En 2075, une petite fille de 10 ans, Iris, voit un mystérieux garçon vêtu d’une combinaison arc-en-ciel tomber du ciel. C’est Arco. Il vient d’un futur lointain et idyllique où voyager dans le temps est possible. Iris le recueille et va l’aider par tous les moyens à rentrer chez lui.

Pour mener à bon port son premier long-métrage, Ugo Bienvenu s’est entouré d’un pack de talents soudé comme l’équipage d’un bateau corsaire. Rompant avec les règles et traditions de l’animation européenne, Arco le film a surmonté tous les obstacles financiers, techniques, artistiques, qui guettent ce type de projet. Du croquis initial dans un carnet jusqu’au doublage américain au casting de rêve, c’est cette épopée qui est relatée dans le présent ouvrage. À la fois artbook, making-of et masterclass pour les amateurs ou aspirants praticiens de l’animation, porté par le récit choral d’Ugo et de ses collaborateurs recueilli par Romain Brethes, ce livre regorge d’images fabuleuses, travaux préparatoires, secrets de fabrication et documents inédits.

Grâce à un partenariat entre le Cameo, cinéma d’art et d’essai de Nancy et La Parenthèse, librairie indépendante spécialisée dans la bande dessinée, j’ai eu la chance de découvrir Arco en avant-première le dimanche 21 septembre. Double chance même puisque la projection était suivie d’une rencontre avec Ugo Bienvenu.

Ce 22 octobre, conjointement à la sortie du film parait aux éditions Denoël Graphic le livre Arco, un film d’Ugo Bienvenu dans lequel le journaliste Romain Berthes brosse un portrait du réalisateur et relate la fabuleuse épopée hors-norme du film en s’appuyant sur les entretiens menés avec Ugo Bienvenu et son équipe.

Un pur chef d’œuvre !

Avant même sa sortie sur les écrans, ce film d’animation a amassé des prix et non des moindres puisque outre la Cigogne d’or du meilleur film d’animation au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2025, le Prix du public du meilleur long-métrage au Champs-Élysées Film Festival 2025, consécration suprême, il a été couronné du Cristal du long métrage, la plus haute récompense du Festival international du film d’animation d’Annecy, festival qui lui a décerné également le prix SACEM pour la meilleure musique originale composée par Arnaud Toulon. Ovationné à Cannes lors de sa présentation en Séance Spéciale, il est actuellement en lice pour les Oscar 2026 dans la catégorie Meilleur film international.

Un film à hauteur d’enfant à destination de la famille

Arcoíris, c’est l’arc-en-ciel en espagnol. Arco, c’est la rencontre entre deux enfants de 10 ans, Arco et Iris qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Nous sommes en 2075. Elle, c’est Iris qui vit dans un monde où la technologie au service de l’humain remplace l’humain, un monde où les enfants sont élevés par des robots et où la relation avec leurs parents s’établit trop souvent sous forme d’hologrammes, un monde où pour se protéger des violentes perturbations climatiques, on met les maisons sous cloche.

Recherche de pré-production, tests de rendu final sur Photoshop
(Ugo Bienvenu & Fabio Besse), 2020

Lui, c’est Arco, le garçon à la cape arc-en ciel tombé du ciel qui vient d’un futur où l’homme vit en harmonie avec la nature et où voyager dans le temps est devenu réalité.

Dans sa chute, il a perdu le diamant temporel qui lui permettrait de retourner dans son époque. Iris va alors le prendre sous son aile et va tout faire pour l’aider à retourner chez lui. Et tous deux vont nous entraîner dans une aventure poétique pleine de péripéties sur laquelle Dougie, Stewie et Frankie, les « Rapetou » vont par moments faire souffler un rocambolesque vent de folie.

« Le meilleur ne peut arriver que si on l’imagine.« 

À travers ce film initié pendant la pandémie, Ugo Bienvenu a souhaité nous offrir un grand câlin et nous délivrer un message d’espoir en imaginant pour le futur un monde meilleur porté par ce récit qu’on pourrait qualifier de solar punk.

À noter au passage l’hommage discret à Clifford D. Simak auteur de science-fiction prisé par le réalisateur qui accorde une grande place à la nature dans ses œuvres à travers le nom de Clifford donné à l’un des protagonistes.

On retrouve dans ce film l’univers et les thèmes chers à l’auteur : la parentalité, l’éducation, la transmission, l’enrichissement mutuel, nos rapports aux nouvelles technologies, notre lien au vivant.

Mikki, « miroir placé devant l’humanité afin de mieux la questionner.« 

Alors, bien sûr le robot qui s’occupe d’Iris et son petit frère, c’est Mikki qui parcourt toute l’œuvre d’Ugo Bienvenu depuis sa première apparition dans le clip Sphere of Existence d’Antoine Kogut en 2019. On le retrouvera en 2020 dans L’entretien, un clip réalisé pour l’opéra de Paris, puis en 2021 dans Total (Denoël Graphic), année où il fera également la Une du premier numéro de métal Hurlant.

Denoël Graphic, 2021

En 2023, Denoël Graphic fera paraître « Le journal de Mikki » à l’occasion de la célébration de ses 20 ans d’existence.

Mais Mikki, c’est surtout le Mikki du magistral Préférence système (2019) où déjà il avait la charge non seulement de porter un enfant à naître mais également d’assurer son éducation et lui transmettre la mémoire de l’humanité.

Denoël Graphic, 2019

L’épopée du film

Invitation au voyage au cœur même de la création d’Arco, ce livre aux couleurs de l’arc-en-ciel est une véritable mine d’or. Tout au long des 224 pages qui le composent, nous allons découvrir comment un simple croquis dans un carnet a donné naissance à ce film d’animation singulier tant par son propos que sa genèse et sa production.

Au commencement était le trait : La genèse

Ce premier chapitre s’ouvre sur une image tirée du clip Fog réalisé pour le groupe Jabberwovky en 2015 entrant en résonance avec Arco puisqu’elle représente une petite fille semblant tomber du ciel. Dans ce clip apparait également pour la première ce qui va caractériser le style du dessinateur à savoir entre autres ses gammes chromatiques et les lunettes futuristes portées par ses personnages.

Il nous raconte Ugo Bienvenu et la naissance de sa vocation en revenant d’abord sur son enfance passée à l’étranger entre un père diplomate et une mère graphiste, ses lectures, les films qui l’ont marqué, le choc que fut lui la découverte de Dragon Ball Z à l’âge de 7ans, puis Princesse Mononoké à 14 ans.

Puis de retour en France, ce seront sa formation à l’école Estienne, aux Gobelins et aux Arts Décoratifs, ses débuts dans l’animation et la bande dessinée et la création avec Félix de Givry, de Remembers, le studio d’animation et de production sans lequel Arco n’aurait pu voir le jour.

Maison Remembers dans le 20e arrondissement de Paris

Ne pouvant donner vie à ce petit personnage croqué dans son carnet dans une bande dessinée ou dans un clip, sur les conseils de son associé, il va – grande première pour lui qui n’avait jusqu’alors réalisé que des clips, courts-métrages ou publicités – se lancer dans le long-métrage.

L’aventure, c’est l’aventure

Le projet était né, il n’y avait plus qu’à se jeter dans une aventure qui n’est pas sans rappeler lors de la recherche de co-producteurs les affres du protagoniste de Paiement accepté (Denoël Graphic, 2017) un cinéaste en quête de financement pour son film.

Il leur a fallu surmonter tous les obstacles, trouver les fonds nécessaires à la réalisation tout en conservant la main-mise sur l’œuvre.

Une aventure originale à deux avec Félix de Givry, puis à quatre pour terminer à 250.

Les différentes phases du projet de la pré-production à la post-production feront l’objet des chapitres suivants.
Menée parallèlement à l’écriture simultanée du scénario et du story-board, la phase de pré-production établissant les lieux, les objets et les personnages a duré trois ans.

Storyboard, colorboard, animatique, breakdown, model sheets, pops, 3D, layout n’auront plus de secrets pour vous tant ces différentes étapes sont clairement définies et surtout abondamment illustrées par une iconographie aussi riche que variée. C’est absolument passionnant !

Storyboard (Ugo Bienvenu) & layout (Valention Giulli),
Palette des « Rapetou » (L. Seynhaeve, L. Passalacqua, A. Rosmarino), 2024

L’animatique, première mise en mouvement du storyboard allant pour Arco jusqu’à la pré-animation de la plupart des plans a été un élément déterminant pour la réussite du projet en se substituant au scénario lors de sa présentation aux différents partenaires éventuels.

Extrait de l’animatique animée par Taberlan Bekmurzayev, TvPaint

Les décors

Ugo Bienvenu a toujours prôné l’ancrage des décors dans le réel, l’essentiel étant de «créer un sentiment de familiarité sur quelque chose qui n’existe pas encore.» Le monde d’Arco doit être assez réaliste pour être crédible. Aussi pour l’habitat d’Arco, a-t-il choisi la maison en forme de coque qui rappelle ses premières amours à savoir les maisons bulles de Dragon Ball. Pour le monde d’Iris il a opté pour des maisons victoriennes dont la structure en bois rappelle celles du quartier du Mexique où il a vécu adolescent. Pour le paysage, il s’est inspiré de la topographie d’Avallon, ville de l’Yonne dans laquelle il a séjourné à son retour en France.

Décor par Simon Cadilhac, Photoshop, 2024
Modélisation des décors 3D par Simon Cadilhac sur Blender, 2023/2025

Enfin la post-production, outre ce qui est lié à l’image est consacrée au son : musique, sound design et doublage.

Tout sur la Musique

Arnaud Toulon, ingénieur du son de formation, musicien autodidacte, compositeur pour illustrer des teasers, bandes-annonce ou autres clips publicitaires pour Remembers a intégré l’équipe du film dès ses débuts. La musique n’a donc pas été plaquée à la fin mais a été l’une des composantes de création.

Extrait du carnet de November Ultra lors de la session de travail avec Arnaud Toulon, 2025

Le doublage sous la houlette de Félix de Givry

Là encore, ils ont dérogé à la règle en enregistrant les voix une fois l’animation commencée au lieu de le faire en amont comme c’est l’usage.

Swann Arlaud, Alma Jodorowsky, Oxmo Puccino, vont donner vie aux parents d’Iris, au père d’Arco. Mention spéciale à Vincent Macaigne, Louis Garrel ou William Lebghil qui vont prêter leur voix et leur énergie aux trois Rapetou.

Photos lors de l’enregistrement des voix, 2025

À noter qu’outre leur participation financière – le film a été co-produit avec MountainA leur société de production – Natalie Portman et Sophie Mas ont été très présentes durant cette phase, Natalie Portman prêtant sa voix dans la version anglaise.

Ça y est ! L’aventure studio est terminée. L’aventure en salle ne fait que commencer. Nous sommes le 22 octobre. Il ne vous reste plus qu’à vous précipiter sur le ciné le plus proche et en sortant dans la librairie la plus proche. Bon film et bonne lecture !

POUR ALLER PLUS LOIN

Enrichi d’entretiens avec des proches dont Félix de Givry, ce hors-série des Arts Dessinés revient sur le parcours pluridisciplinaire d’Ugo Bienvenu via une longue interview séparée en quatre chapitres : les influences, la bande dessinée, l’animation et l’illustration.

où il était déjà question d’Arco


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