Worm : Une odyssée américano-cubaine

Une odyssée américano-cubaine
Scénario : Edel Rodriguez
Dessin : Edel Rodriguez
Éditeur : Bayard Graphic
144 pages
Prix : 23,00 €
Parution : 21 août 2024
ISBN 9782227502246
Ce qu’en dit l’éditeur
Worm désigne le ver ou la vermine. C’était le surnom que Fidel Castro utilisait pour décrire les Cubains qui cherchaient à fuir après la révolution de 1959. Edel Rodriguez en a fait partie. Il raconte sa jeunesse sur l’île, dans les champs de canne à sucre ou à la périphérie des villes, où ses parents partent discuter pour échapper aux oreilles indiscrètes. En images saisissantes, il nous fait vivre la privation de liberté, nous montre la fuite depuis le port de Mariel en 1980 sur des bateaux de fortune. Et tisse le parallèle entre le dictateur cubain et l’ex président américain, Donald Trump. Un livre majeur sur la soif de liberté et les menaces qui planent sur elle.
Dans Worm, roman graphique autobiographique paru aux éditions Bayard Graphic le dessinateur et illustrateur américain Edel Rodriguez nous livre son odyssée, une odyssée américano-cubaine du Cuba de Castro à l’Amérique de Trump. Après une première partie consacrée à ses souvenirs d’enfance sous le régime castriste, à l’exil et l’installation aux États-Unis, le récit va prendre une tournure beaucoup plus engagée quant à l’histoire contemporaine avec le saisissant parallèle établi entre le Líder máximo de son enfance et Donald Trump.
Vert, ver, vermine …
En haut de la couverture, WORM, le titre, s’étale en noir sur toute la largeur de la page. Worm : le ver ou la vermine. Le ver, douloureux souvenir d’enfance, qui s’était infiltré dans sa jambe et gagnait progressivement son corps mais aussi et surtout la vermine qui dans la bouche de Castro désignait ceux qui voulaient fuir le régime en quittant Cuba.


Au centre, un jeune pionnier coiffé du béret rouge étoilé nous fixe gravement. Cet autoportrait que l’on retrouvera plus tard auréolé de l’ombre du Che est encadré de deux bandes verticales rappelant ces frises qui habillent les boîtes de cigares : Une rouge, le rouge du communisme de sa jeunesse, une vert kaki, le kaki du treillis militaire de Castro et ses guérilleros. Ces frises de boîtes de cigare, on les retrouvera bordant chacun des 19 chapitres constituant le livre comme autant de boîtes à ouvrir.

Noir, rouge, vert, la couleur est donnée : Ce sera la gamme chromatique de l’album.
L’écriture graphique d’Edel Rodriguez rappelant ici les affiches de propagande des régimes totalitaires est loin de l’épure de ses caricatures. Son trait charbonneux et sa colorisation texturée confèrent aux planches un côté brut qui s’apparente à la gravure sur bois. Son dessin très expressif rend bien compte des différentes émotions qui traversent les personnages : inquiétude, peur, douleur … La composition des planches très variée est au service de la narration.

Une enfance cubaine
Né en 1971, soit douze ans après la révolution de 1959 qui a amené Fidel Castro au pouvoir, Edel Rodriguez nous livre à hauteur d’enfant son histoire familiale fortement impactée par la politique dictatoriale instaurée par le régime castriste.

Restant au plus près du vécu, il relate le plus fidèlement possible son enfance à Cuba qu’il quittera à l’âge de 9 ans, puis l’exil en puisant dans ses souvenirs et en interrogeant ses proches pour combler les creux.

Après un premier chapitre plantant le décor politique de l’insurrection de 1959 au mois d’octobre 1965 où le parti communiste fut déclaré seul parti autorisé, il nous conduit à El Gabriel, petite ville entourée de champs de canne à sucre située à environ une heure au sud de La Havane. Le jeune Edel nous raconte son quotidien entre ses parents, sa sœur Irma de six ans son aînée, son grand-père et sa grand-mère. Il nous dresse le portrait de ses parents : son père et son esprit d’entreprise qui n’est pas très bien vu du régime, sa mère qui participe au CDR (Comité de Défense de la Révolution) afin d’éloigner les soupçons et protéger les siens.

Jeux dans les champs de canne à sucre, fierté de porter le béret rouge lors de son entrée à l’école…, À ses souvenirs se mêle d’une part la doctrine autocrate et liberticide du parti : propagande, culte de la personnalité, muselage de la presse, endoctrinement des jeunes Cubains, futurs soldats de la révolution qui à l école apprennent à lire dans un manuel à la gloire de Fidel et saluent le drapeau main sur le front en entonnant la Bayamesa, et d’autre part l’impact sur la population : privation de liberté, rationnement, pénurie de nourriture, de médicaments, peur constante d’une dénonciation.


PCC is watching you

Malgré tout, le petit Edel mène une enfance heureuse et relativement insouciante entouré de l’amour protecteur de sa famille. Ses parents eux, comme tous les habitants de l’île doivent se méfier de tous, surveiller sans cesse leurs propos et vivent dans la crainte d’une délation surtout depuis qu’ils envisagent de quitter le pays inquiets quant à l’avenir de leurs enfants. Personne n’est à l’abri des chivatos, ces délateurs à la solde du gouvernement qui vont s’empresser de signaler toute parole ou acte antirévolutionnaire.

« Mais d’autre part, il y avait aussi tout ce contexte tout de même très dur dont je n’étais pas très conscient à l’époque à Cuba. Je me souviens par exemple de voir ma grand-mère pleurer chez nous mais tout était un peu flou car en fait je n’avais pas idée de ce qui se passait vraiment. Mes parents – j’ai découvert ça plus tard évidemment – faisaient tout pour que justement je ne sois pas conscient de ce qui se passait dans nos vies et donc ils avaient mis un voile sur tout ce qui leur arrivait tout d’abord pour ne pas m’attrister, pour ne pas me traumatiser évidemment mais aussi par peur que je ne raconte quelque chose à mes petits copains, à me petits camarades qui à leur tour le raconteraient à leurs parents qui à leur tour raconteraient à untel et untel et cela finirait par arriver aux oreilles du parti communiste à Cuba. Et si ça arrivait au siège du parti communiste que mes parents voulaient fuir Cuba, les communistes seraient venus chez nous pour nous battre, pour nous agresser, pour nous empêcher de partir. Et donc mes parents m’ont présenté la chose comme un voyage, des petites vacances, comme un petit séjour pour aller visiter un cousin qui était à Miami et pas du tout comme un voyage sans retour, une fuite à Miami. Donc on est arrivé au camp de détention pour s’enfuir sur le bateau et moi je n’étais pas du tout conscient de ce qui se jouait et je pensais qu’on allait juste faire une petite ballade en bateau jusqu’à Miami et que ça serait des petites vacances sympas.«
Cette année-là à Mariel …
En avril 1980, alors qu’ils envisageaient de quitter Cuba via l’Espagne, Fidel Castro désireux d’expulser « la vermine » de son pays décida de permettre à ceux qui le désiraient de quitter le pays depuis le port de Mariel situé sur la côte nord de Cuba pour rejoindre les États-Unis à la condition qu’ils trouvent un bateau pour effectuer la traversée. Edel et sa famille feront partie de ces 125 000 Cubains qui vont quitter l’île dans des conditions très difficiles. Le bateau a vite été trouvé grâce à une partie de la famille déjà expatriée en Floride mais avant le départ tant attendu, il leur a fallu abandonner tous leurs biens et séjourner dans un camp de détention. Violence, intimidation, faim, insalubrité, angoisse devant l’incertitude étaient leur lot quotidien. Le danger était partout présent : d’une part ils risquaient des passages à tabac de la foule excitée et incitée à le faire par le régime et d’autre part ils se trouvaient mêlés dans le camp et sur le bateau à de véritables criminels, Castro ayant décidé de se débarrasser non seulement de ceux qui ne s’inscrivaient pas dans la ligne du parti : militants, artistes, homosexuels, prisonniers politiques mais également de délinquants de toutes sortes.

« Ils n’avaient même pas prévenu leurs parents. Peu de temps avant notre départ, notre maison était cernée de jeeps, de soldats qui sont venus fouiller notre maison qui voulaient prendre possession de la télé par exemple, ce genre de choses. Un jour la jeep m’a emmené au poste de police. J’ai ensuite été transféré dans un camp de détention à Cuba où j’étais entouré de bergers allemands, de militaires. Une semaine ou deux plus tard, j’étais sur un bateau sur la mer des Caraïbes en train de partir vers les États-Unis. Et ce sont les images que je me rappelle plus ou moins alors que j’avais 8 ou 9 ans.«

Au nom de tous les migrants
Edel Rodriguez se fait ainsi le porte-voix de tous ceux qui pour la liberté et la sécurité abandonnent tout. À travers son histoire, c’est un peu l’histoire de ces déracinés qui resteront marqués par une profonde nostalgie du foyer et de ceux qu’ils ont laissé là-bas qu’il raconte, les sortant ainsi des statistiques dans lesquelles les médias ont tendance à les enfermer. Partager sa propre expérience en la contextualisant est pour lui l’occasion de nous amener à nous questionner sur les raisons qui les ont poussés à l’exil et à éprouver ainsi davantage de compréhension et d’empathie l’encontre des réfugiés et des migrants.
« Moi je suis parti d’abord de mes souvenirs quand j’étais enfant mais il manquait quand même pas mal d’informations. Donc j’ai commencé aussi à poser des questions à mes parents, à ma sœur et aussi à mes cousins qui étaient venus nous chercher en Floride et donc j’ai obtenu progressivement de plus en plus de détails sur ce qui s’est passé et cela m’a aussi ouvert les yeux Je me suis rendu compte que c’était finalement un véritable miracle ce qui s’était passé car nous avions tous pris des risques, que ce soient mes cousins qui étaient venus nous chercher, que ce soient mes parents qui eux-mêmes n’avaient jamais voyagé avant de partir pour les États-Unis. Et à la fin de mon ouvrage il y a un chapitre dans lequel j’ai une conversation avec mon père. Je n’étais vraiment jamais allé jusqu’au fond des choses et donc là je lui ai vraiment posé des questions car je voulais vraiment qu’il m’explique quelles étaient les raisons véritables de notre départ, ce qu’il s’était passé. À chaque fois avec ces rencontres, ces entretiens, j’ai creusé de plus en plus profond. L’une des raisons pour lesquelles je voulais connaître autant d’informations sur ce qui s’était passé, c’est parce qu’aujourd’hui la question migratoire est un grand sujet. Il y a beaucoup d’émigrants qui viennent aux États-Unis mais ça reste vraiment très impersonnel on ne connaît pas ces gens. On dit par exemple « il y a des milliers de personnes qui arrivent à la frontière, » « il y en une centaine qui est arrivée par bateau » … mais c’est tout. On ne comprend pas en fait qui sont ces personnes, ce qu’elles ont laissé derrière elles ou pourquoi elles sont venues. Et cela faisait un peu écho à ma propre situation.«
Welcome to the USA
Quel choc culturel pour le petit Edel de 9 ans à son arrivée à Miami ! De ses yeux émerveillés, il va découvrir la Floride, terre d’abondance et de liberté où fleurit la pop culture.

« Du jour au lendemain, j’ai quitté un pays qui était plutôt pauvre, sale pour me retrouver à Miami. Donc un endroit complètement différent, qui était propre, lumineux, tout avait l‘air récemment peint, donc c’était nouveau mais en même temps tout le monde était cubain et parlait espagnol. À l’école par contre l’enseignement se faisait en anglais donc c’était aussi un choc. Au début je ne comprenais pas très bien ce qui se passait dans ma vie. J’ai mis quand même un petit moment à m’adapter.«

Et c’est là, à son arrivée aux États-Unis qu’il va commencer à dessiner. Ne parlant pas encore anglais, le dessin va devenir son mode de communication. Dessin qu’il ne cessera de pratiquer jusqu’à devenir l’artiste illustrateur et caricaturiste dont les dessins ont fait la Une de grands magazines tels Der Spiegel ou Time Magazine dont il occupera le poste de directeur artistique de 1994 à 2008.
De l’autobiographe à l’artiste politisé
La procrastination a quelquefois du bon. Cela faisait douze ans que le dessinateur avait en tête le projet de raconter son histoire d’immigré cubain aux États-Unis.
Et puis en 2016, il y a eu Trump, sa campagne électorale, ses propos outranciers qui ont réveillé en lui de douloureux souvenirs et l’ont poussé à s’engager.

C’est à ce moment-là, que profitant de l’espace de liberté qu’offre Internet et les réseaux sociaux, il décide de poster des caricatures de Donald Trump faisant ainsi résonner sa propre voix sans l’interférence du regard extérieur d’un comité de rédaction et qu’à cette première partie consacrée à son enfance cubaine et à sa vie d’émigré aux États-Unis, il va ajouter une seconde en établissant le parallèle entre Fidel Castro et Donald Trump : populisme, vociférations, incitations à la violence lors des discours, méfiance vis à vis la presse considérée comme l’ennemi du peuple, manipulation de l’information …
Pour lui l’histoire se répète et la dérive autoritaire et liberticide de Donald Trump et de ses partisans met la démocratie en danger. Alors, il s’engage.
« Il faut aussi dire que ce projet de livre a commencé il y a douze ans quand même. Au départ, c’était juste ma vie d’immigré. Et puis en 12 ans, il s’est passé pas mal de choses aux États-Unis. En 2016, il y a eu Trump et ce sujet de positionnement au sujet de l’immigration. Moi, à l’époque j’étais illustrateur. Je n’étais pas aussi politisé dans mon art, dans mon activité en tant que dessinateur. Et puis petit à petit le récit de mon émigration puis immigration s’est enrichi par tout le côté politique qui s’est ajouté à cela.«
Les caricatures de Trump
Il a joué sur les couleurs et simplifié le trait au maximum : chevelure jaune, visage orange dépourvu d’yeux où n’apparaît qu’une bouche qui vocifère.
Tour à tour flamme, vague déferlante, météorite prête à percuter la Terre, Cerbère à trois têtes ou visage se liquéfiant pour marquer l’effondrement des États-Unis, nombre de ces illustrations vont faire la couverture de prestigieux magazines.


Et puis il y a la fameuse caricature de Trump décapitant la statue de la liberté réalisée lorsqu’il a interdit l’entrée sur le sol américain de voyageurs et réfugiés de six pays majoritairement musulmans qui non seulement fera la Une de Der Spiegel mais sera également brandie dans de nombreuses manifestations.


D’une insurrection à une autre
« En 2019, je me disais que ça y était, j’avais bouclé le livre, que j’avais bien raconté tout ce qui s’était passé et puis en 2019, il y a l’insurrection. Et j’avoue que je me disais toujours que cela ça ne se passerait jamais, que c’était impossible qu’il y ait en fait ce que l’on peut appeler une tentative de coup d’état quand même. Eh bien quand ça a eu lieu, alors là ça m’a rappelé d’une certaine façon l’insurrection qui a eu lieu à Cuba et alors je me suis dit qu’avec cela j’allais fermer la boucle. Je commençais par l’insurrection, la révolution cubaine qui m’avait poussé à émigrer aux États-Unis et j’arrivais en 2020 avec l’insurrection aux États-Unis au Capitole. Le cercle était fermé.«

Ces deux planches en miroir, la première représentant l’entrée des guérilleros à la Havane en 1959 ouvrant le récit, la seconde (pages 284-285) l’assaut du Capitole par les partisans de Trump coiffés de casquettes MAGA le 6 janvier 2021 suite à sa défaite à la présidentielle sont particulièrement percutantes.

Ce mercredi 6 novembre 2024, Donald Trump vient d’être réélu président des États-Unis.
« Je suis allé aux États-Unis pour parler librement, et c’est devenu mon pays ». J‘ai perdu un pays. Je n’en perdrai pas un autre sans me battre. »
Espérons qu’il a perdu une bataille mais pas la guerre.

Les propos d’Edel Rodriguez sont tirés de la table ronde « La révolution du roman graphique » dont vous pouvez trouver la captation dans la rubrique « Pour aller plus loin.
POUR ALLER PLUS LOIN
Edel Rodriguez au Festival America
Vincennes du 29 au 29 septembre 2024
La révolution du roman graphique
Table ronde animée par Sonia Déchamps avec Edel Rodriguez, Craig Thomson, Joe Sacco, et Birgit Weyhe autour des albums :





Exils
Table ronde animée par Pierre Krause avec Edel Rodriguez et les romanciers Aleksandar Hemon et Hisham Matar

« 28 juin 1914. Tandis que l’archiduc François-Ferdinand arrive à Sarajevo en grande pompe, Rafael Pinto, Juif séfarade et apothicaire, concocte des remèdes aux herbes dans sa boutique. Pinto est loin d’imaginer qu’un conflit d’une vaste
ampleur est sur le point d’embraser le monde.
Envoyé dans les tranchées en Ukraine, Pinto rejoint un bataillon bosniaque et rencontre Osman, homme d’action et conteur d’histoires. Ensemble, ils s’embarquent pour une odyssée vers l’Est, des geôles de Tachkent au désert du Taklamakan, de Shanghai bombardée à Jérusalem, et vivent un amour qui transcende les bouleversements de la première moitié du XXe siècle.
Aleksandar Hemon inscrit le destin de deux réfugiés dans la grande marche de l’histoire au fil de cette épopée romanesque.«

« Lorsque le jeune Khaled découvre à Benghazi, attablé avec ses parents autour du poste de radio, la puissance d’une nouvelle lue par un grand journaliste libyen expatrié à Londres, il est loin d’imaginer qu’un jour il vivra lui-même dans cet eldorado, et qu’il deviendra l’ami de l’auteur de ce texte, le brillant Hossam. Une trentaine d’années plus tard, le même Khaled se balade dans les rues londoniennes et retrace sa vie d’exil, de son arrivée imprévue à Londres, encore étudiant animé d’idéaux politiques, à ses longues amitiés si essentielles avec Hossam et Mustafa, un autre expatrié libyen. Alors que ses deux amis font le choix de retourner sur leur terre pour combattre la dictature de Kadhafi, Khaled, plus tiraillé, prend racine dans une existence loin des siens. Son amour de la littérature et la force de ses amitiés l’empêcheront-ils de ressentir le poids du regret ? Bouleversante déambulation dans les souvenirs et dans un Londres magnifié, « Mes amis » explore avec une grande délicatesse le conflit intérieur lié à chaque exil. Tout en dévoilant de manière unique l’histoire déchirante de la Libye et de sa révolution récente, Hisham Matar nous émerveille par la force de son écriture, aussi subtile qu’intense.«
Le site d’Edel Rodriguez
Edel Rodriguez illustration – illustration
Quelques-unes des couvertures de Time et der Spiegel












