Expo Cy : Ana & l’Entremonde

Cy, graphiste de formation, choisit après plusieurs années en tant que directrice artistique de se lancer en freelance pour développer ses projets de bande dessinée. Elle publie alors aux éditions Lapin « Le vrai sexe de la vraie vie » (tome 1 et 2) où elle prend le parti de mettre en scène des bribes de sexualité sur la base de témoignages avec pour leitmotiv l’envie de montrer pour déculpabiliser. Son album suivant, « Radium Girls » ne parle plus de sexualité, mais il est tout aussi engagé car il traite de luttes de femmes dans les années 20 aux États-Unis. Paru chez Glénat en avril 2020, il a connu un grand succès et a été sélectionné dans de nombreux prix. Il a obtenu le prix CNL-lecteurs.com en 2021.

« Radium girls », dessiné aux crayons de couleurs dans une palette chromatique de verts et de violets avait fait l’objet d’une superbe exposition à la Galerie « Achetez de l’Art » (24 rue de Lappe Paris XIe) qui lui ouvre de nouveau ses portes pour sa dernière œuvre : « Ana &l’Entremonde » (toujours aux éditions Glénat) une tétralogie orientée jeunesse écrite par Marc Dubuisson jusqu’au 8 octobre.

1492. Iles Canaries. Ana et Domingo deux orphelins employés par le terrible señor Valdès sont en plein avitaillement de navires au port de Las Palmas. Alors qu’ils chargent le Santa Maria, ils se retrouvent malgré eux embarqués dans la fameuse caravelle direction les Indes ! Malheureusement pour eux, Christophe Colomb est complètement à L’Ouest et la terre est plate dans cette version de l’Histoire. Le navire atteint rapidement le bord du monde et se retrouve précipité dans les chutes. Après le naufrage, Ana se réveille seule, dans un univers fantastique peuplé de pirates en tous genres : l’Entremonde !

« C’est ici l’Entremonde ?

Ouaip, même que, comme disent les anciens, « il ne connaît de limites que celles de l’imagination ! »

(p. 52)

Et l’imagination de Dubuisson et Cy semble ne pas avoir de limites ! Avec un tel scénario, la dessinatrice a pu laisser libre cours à sa créativité dans un registre dans lequel on ne l’attendait pas forcément (la littérature jeunesse). Toute une galerie de personnages attachants, révoltants et souvent drolatiques se succèdent au fil des planches.

Dans l’exposition qui bat son plein actuellement, ces créatures sont bien mises en valeur par une scénographie fraîche et recherchée tout à la fois.

Mais ce que l’on remarque surtout grâce au format généreux des planches de l’autrice réalisées pour la première fois en couleurs directes dans une palette arc en ciel, c’est sa maîtrise des couleurs et du clair-obscur. Les jeux de lumière sont somptueux.

Comme elle le déclare elle-même dans l’entretien mené par Robin Jolly à la fin de l’album :

« La BD est entièrement faite au traditionnel, à l’encre. Ce qui m’intéresse, c’est vraiment la couleur directe, le papier, le lâcher-prise que nécessite une technique sans ctrl+Z. Je ne voulais pas reprendre le traité aux crayons de couleur dans les violets qui est vraiment propre à « Radium Girls ». Là, on est sur de l’aventure, de la fantasy, des pirates ! Il me fallait des couleurs plus vives, une technique qui s’adapte au scénario de Marc. »

Sont présentées de nombreuses planches du tome 1, des illustrations inédites dans la même gamme chromatique reprenant soit les personnages de « l’Entremonde », soit l’atmosphère de l’album.

Comme les pastilles rouges se multiplient au fil des jours et que l’expo connaît un grand succès, vous pourrez si vous le souhaitez faire également l’acquisition de l’un des deux prints réalisés à l’atelier Clot. Un joli souvenir à petit prix…

Crédit photos : Ludovic Monnier et Camille Monteiro