LA LONGUE MARCHE DES DINDES


LA LONGUE MARCHE DES DINDES

La longue marche des dindes
Scénario : Léonie Bischoff
d’après Kathleen Karr
Dessin : Léonie Bischoff
Éditeur : Rue de Sèvres
144 pages
Prix : 18,00 €
Parution :  7 Septembre 2022
ISBN 9782810213658

Ce qu’en dit l’éditeur

Missouri, été 1860. Après avoir quadruplé son CE1 à 15 ans, Simon diplômé d’office par Miss Rogers se voit refuser l’entrée en CE2 et doit gentiment déployer ses ailes. Aussi, le soir même de cette mauvaise nouvelle, lorsqu’il apprend que les dindes sur pattes valent 20 fois plus à Denver que chez lui, il décide d’acquérir 1000 têtes pour les convoyer sur 1000 kilomètres et prouver ainsi qu’il a le sens des affaires. Il recrute pour l’escorter une équipe improbable avec laquelle il va devoir traverser le désert, affronter les rocheuses et négocier avec les Indiens ! Ces derniers accepteront ils de laisser passer cette étrange caravane qui doit atteindre Denver pour y faire fortune ? Le magnifique roman de Kathleen Karr adapté par l’autrice du brillant Anaïs Nin : sur la mer des mensonges, Léonie Bischoff, qui signe son premier titre jeunesse.

Convoyer 1000 dindes sur 1000 kilomètres du Missouri au Colorado au XIXe siècle, il fallait le faire ! Ce road-trip de Simon, jeune garçon de 12 ans nous est conté dans La longue Marche des dindes, BD jeunesse qui vient de paraître aux éditions Rue de Sèvres. Léonie Bischoff nous offre là une brillante et subtile adaptation du célèbre roman éponyme de Kathleen Karr.

IL FAUT TROUVER LA VOIE

Simon ne s’attendait pas du tout à ça ce dernier jour de classe : la remise de son diplôme par Miss Rogers. Il faut dire que l‘école n’était vraiment pas son truc et qu’il avait déjà doublé plus d’une classe. Le voilà donc contraint de suivre le conseil bienveillant de sa maitresse et voler de ses propres ailes. Mais que faire quand on a douze ans et sa seule débrouillardise en poche ? Rester trimer à la ferme où il a été recueilli par son oncle suite au décès de sa mère, l’abandon de son père et continuer à subir les méchancetés et moqueries de toute la famille? Pas vraiment la solution.

C’est alors que passant devant l’élevage de dindes du voisin, une idée un peu folle, il faut bien le dire, va germer. Et s’il achetait mille dindes pour aller les revendre à Denver où elles valent vingt fois plus cher que dans le Missouri? L’argent pour acheter les dindes ? Miss Rogers, lui prouvant ainsi toute sa confiance, va le lui prêter. Les mules, le chariot et le maïs pour nourrir les dindes ? Il les obtiendra après une dure négociation avec son oncle, renonçant à son héritage en contrepartie.

Il ne lui reste plus qu’à trouver un muletier. Ce sera chose faite avec Bidwell, le meilleur muletier du pays mais il faudra tout d’abord lui faire passer son goût pour l’alcool. Emett, le chien qui ne quitte jamais Bidwell sera aussi du voyage et se révèlera un excellent gardien de troupeau. Et les voilà partis pour un long périple de 1000 kilomètres au cours duquel ils vont être rejoints par Jo, une jeune esclave en fuite et Lizzie qui a perdu toute sa famille suite à la sécheresse …

DE HOODOO DARLIN’ À LA LONGUE MARCHE DES DINDES

Son premier album Hoodoo Darlin’ se déroulant dans les bayous de Louisiane, ce n’est pas la première incursion de Léonie Bischoof sur le continent américain.

Illustratrice de 3 polars suédois de Camilla Läckberg adaptés conjointement avec Olivier Bocquet puis autrice à part entière d’AnaIs Nin, sur la mer des mensonges qui a obtenu le prix du public à Angoulême en 2021, on la retrouve à voler à nouveau de ses propres ailes en signant l’adaptation de « La longue marche des dindes » faisant ainsi une entrée très réussie dans le secteur de la BD jeunesse.

Qu’est-ce qui a amené Léonie Bischoff à la littérature jeunesse?

Et pourquoi ce choix de La longue marche des dindes ?

DU ROMAN AU ROMAN GRAPHIQUE

L’adaptation est très fidèle au roman jeunesse éponyme de l’autrice américaine Kathleen Karr paru en 1999 dans la collection Neuf de L’école des Loisirs. On retrouve toutes les péripéties et les rencontres bonnes et mauvaises de ce road-trip initiatique aux personnages particulièrement attachants traversant les grands espaces américains ainsi que les grands thèmes sociétaux liés à l’époque.

Cependant, depuis 1999, la société ayant évolué, l’autrice a apporté quelques modifications, notamment quant au rôle des personnages féminins.

Jo, le jeune esclave en fuite du roman s’est muée en Jo, une jeune esclave ? Pourquoi ?

Et pourquoi avoir rajeuni Simon et Lizzie de 2 ans ?

UN PETIT PAS DE CÔTÉ POUR PLUS D’HUMANITÉ

Ce voyage est l’occasion de traverser non seulement les grands espaces américains mais également les grands thèmes de l’Amérique de l’époque : la place des femmes à travers le regard différent porté par Simon sur Jo et Lizzie, mais aussi l’esclavage, le sort réservé aux tribus indiennes, l’alcoolisme, la violence, le banditisme … tout en jetant un regard décalé sur les clichés du western : les escrocs en tout genre, les saloons, les fusillades, l’arrivée de la cavalerie …

C’est par l’entraide et la solidarité que la petite bande éminemment sympatique et attachante pourra surmonter tous les obstacles qui vont se dresser sur son chemin. Chacun de ces écorchés de la vie va mettre au service des autres un talent dont il ne soupçonnait pas l’importance et retrouvant ainsi confiance en lui et conscience de sa propre valeur, prendre en mains son destin. Ils sortiront tous grandis de cette aventure et unis par des liens indissolubles.

UNE NARRATION GRAPHIQUE TOUTE EN SENSIBILITÉ

Les personnages très expressifs traduisent parfaitement toutes les émotions qui les traversent. On retrouve la patte de l’autrice dans les grands yeux tout en rondeur des enfants qui ne sont pas sans rappeler rappellent ceux d’Anaïs Nin.

Des tons froids quasi monochromes utilisés lors des évènements malheureux aux pastels doux et lumineux, en passant par la profondeur des scènes nocturnes, les couleurs utilisées apportent douceur et poésie au récit. Les illustrations pleine page viennent aérer la narration. Le trait tracé au stylo bleu foncé n’est jamais noir mais se décline dans différentes nuances de violet voire de brun selon les atmosphères créées.

Léonie Bischoff nous en dit plus sur ses inspirations et ses choix graphiques.

Un petit clin d’œil (pas gratuit) au cirque de Seurat …

La longue marche des dindes est un très bel album jeunesse, un récit d’émancipation profondément humaniste et optimiste dans lequel les adultes également se plongeront avec délice.

Chacun sa route, chacun son chemin …

Les propos de Léonie Bischoff sont tirés de l’entretien réalisé le samedi 8 octobre 2022 au festival Quai des bulles à Saint Malo.

POUR ALLER PLUS LOIN

Le roman de Kathleen Karr

Les autres albums de Léonie Bischoff

La trilogie Erica Falck et Patrik Hedström

L’intégrale

Cliquez sur l’image pour accéder à la chronique


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :