Dracula

Scénario : Georges Bess
d’après Bram Stoker
Dessin : Georges Bess
Éditeur : Glénat
224 pages
Prix : 27,50 €
Parution : 19 octobre 2022
ISBN 9782344045718
édition définitive augmentée avec un cahier de croquis et 15 planches inédites.
Ce qu’en dit l’éditeur
En 1897, le public découvre dans les pages d’un roman épistolaire écrit par Bram Stoker l’extraordinaire personnage de dracula, être immortel qui se repaît du sang des vivants pour les transformer à leur tour en créatures maléfiques.
Si Stoker n’a pas inventé la figure du vampire, il lui a malgré tout conféré sa forme moderne en faisant du comte dracula une figure iconique et emblématique inspirant des générations d’auteurs. Et bien que le roman ne fût pas un best-seller immédiat, il connut un écho mondial à travers des adaptations cinématographiques cultes.

Scénario : Georges Bess
d’après Bram Stocker
(édition prestige)
Dessin : Georges Bess
Éditeur : Glénat
224 pages
Prix : 39,00 €
Parution : 19 octobre 2022
ISBN : 9782344054611
édition définitive augmentée avec un cahier de croquis et 15 planches inédites.

Jonathan Harker jeune clerc de notaire anglais est envoyé par son patron au fin fond de l’Europe dans les Carpates pour y finaliser une vente de propriétés londoniennes. Il laisse derrière lui sa jeune fiancée Mina Murray qui l’attend chez son amie Lucy qui, courtisée par trois prétendants, vient d’accepter la demande en mariage de l’un d’eux : Arthur Holmwood. Jonathan arrive au terme de son périple mais la population locale lui déconseille d’aller au château du comte Dracula réputé maudit. Le jeune homme s’y rend tout de même et fait connaissance avec son mystérieux client. Il comprend très vite qu’il est piégé dans l’antre du comte quasi en ruine à fleur de précipice et découvre la vraie nature de son hôte. Dracula prépare son départ pour Londres en laissant Jonathan aux mains de ses concubines. Au même moment Lucy atteinte d’un mal mystérieux dépérit sous les yeux impuissants de son amie et de ses prétendants …


Tout le monde ou presque connaît le personnage de Dracula et tout particulièrement ses déclinaisons cinématographiques mais beaucoup moins le roman de Bram Stoker (1897) qui est à l’origine du mythe.
C’est la raison pour laquelle après Mike Mignola, Yves H/Hermann, Sera et Dany dans « Sur les traces de Dracula », Françoise-Sylvie Pauly et Pascal Croci pour n’en citer que quelques-uns, Georges Bess s’est attaqué lui aussi à cette figure : « Tout le monde connaît Dracula mais peu de personnes savent vraiment de quoi il est question exactement. C’est pour cela qu’il fallait le dessiner, l’illustrer ». Il a relevé le défi et aura mis deux ans à réaliser un volumineux album de plus de 200p sorti en 2019.

Alors que Mignola adaptait la vision de Francis Ford Coppola dans laquelle Gary Oldman était un séduisant vampire à la recherche de son amour perdu, Bess revient aux fondamentaux :
« Dracula est un conte merveilleux, avec un personnage d’une noirceur totale, un véritable prédateur. Aujourd’hui on en fait quelque chose de sexy. Alors que l’image que j’en ai est plutôt de quelqu’un qui croupit dans une crypte. Murnau a représenté le plus beau vampire selon moi. Mais je ne voulais pas faire le même, je m’en suis détaché pour proposer une nouvelle forme ».
Son comte des Carpates redevient donc bien un monstre, une créature maléfique et sanguinaire repoussante.

Bess pousse également la fidélité jusqu’à recréer la forme originelle de l’œuvre : il s’agissait d’un roman épistolaire polyphonique : on y trouvait des extraits des journaux de Jonathan Harker, de Mina, de Van Helsing et du docteur Seward, du journal de bord du Déméter, de correspondances commerciales, de lettres échangées entre les protagonistes et de coupures de journaux. Toutes ces voix (parfois enchâssées) créaient une narration multiforme et énigmatique : le lecteur devait faire le lien entre des histoires apparemment juxtaposées et finalement mener l’enquête pour reconstituer le puzzle de l’histoire. Mais si Bess conserve des narrateurs multiples et des ruptures de constructions, contrairement à Guido Crepax qui dans son « Dracula » gardait une narration si complexe qu’elle en devenait confuse, il simplifie tout de même pour rendre lisible son récit en élaguant les récitatifs et le nombre de chapitres (16 au lieu de 27).
« Le romantisme noir » de l’œuvre est superbement recrée dans des planches en noir et blanc expressives à mi-chemin entre illustration (nombre de pleines pages voire de doubles pages ainsi que des encadrements pour marquer les ouvertures de chapitres) et bande dessinée. La mise en page est extrêmement innovante mariant les inserts, les superpositions, les «débordements »de case, la transformation des cases traditionnelles en sorte de nébuleuses dans les passages consacrés à l’aliéné Reinfeld et les changements de trames de fond (avec parfois des incrustations de photos).


Chaque page est à couper le souffle dans ses contrastes, ses cadrages, ses effets de mouvements et la prolifération de détails. Enfin on notera des clins d’œil à l’iconographie romantique : les eaux fortes d’Hugo, les palais de Gustave Moreau, le «paysage montagneux : ruine dans une gorge » de Lessing ou « Le rivage avec la lune cachée dans les nuages » de Friedrich.
L’iconographie du romantisme noir


Victor Hugo
Gustave Moreau


Carl Friedrich Lessing
Caspar David Friedrich
Pour les fêtes de fin d’année ressort trois ans plus tard une édition définitive à la couverture en noir, blanc et rouge sang augmentée de croquis et de l’adaptation d’une nouvelle de Bram Stoker : « L’invité de Dracula » publiée à titre posthume par la femme de l’auteur et qui aurait dû constituer le premier chapitre du roman avant que son auteur n’y renonce. Elle se décline comme la première en deux versions : la version classique et la version luxe. Cette dernière reprend le format des planches originales sur papier mat et non plus glacé comme en 2019 et rend grâce à l’encrage habité de Bess. Une œuvre somptueuse à avoir absolument dans sa bédéthèque. Une belle idée de cadeau à offrir aux amateurs de bd et de littérature!

pour aller plus loin
Le film de Francis Coppola beaucoup plus romantique qui fait du vampire un révolté en quête de son amour perdu



Le Nosferatu de Murnau qui a inspiré Bess
L’adaptation du film de Coppola en comics par Mike Mignola au dessin et Roy Thomas au scénario
D’autres adaptations en bd : Crocy, Crepax, Herman, Dany




Pour celles et ceux qui aiment écouter de la musique en lisant, la bande-son psychédélique du groupe Popol Vuh pour le Nosferatu de Werner Herzog (1979) accompagnera à merveille ce voyage au bout de la nuit vampirique.

Interview de Georges Bess au moment de la sortie de l’album en 2019
Un site dédié aux adaptations et aux traductions du roman de Bram Stoker (en anglais)

Un livre sur les adaptations cinématographiques du roman et ses différentes « incarnations » : Nosferatu contre Dracula de Olivier Smolders aux éditions impression nouvelles, collection « La fabrique des héros » (2019)
Chronique d’Anne-Laure GHENO
(Bd Otaku)

