LE MONDE DE SOPHIE


LE MONDE DE SOPHIE

Le monde de Sophie
Scénario : Vincent Zabus
d’après Jostein Gaarder
Dessin : Nicoby
Couleurs : Philippe Ory
Éditeur : Albin Michel
264 pages
Prix : 24,90 €
Parution :  5 octobre 2022
ISBN 9782226464378

Ce qu’en dit l’éditeur

« Qui es-tu ? »

Un jour, Sophie reçoit une lettre sur laquelle est inscrite cette intrigante question. 
Puis en arrive une seconde : « D’où vient le monde ? »
De question en question et de surprise en surprise, la jeune fille est propulsée dans une aventure où elle découvre les principales figures de la philosophie occidentale, et surtout elle-même !

Zabus et Nicoby réinventent en une bande dessinée pleine d’humour le roman philosophique de Jostein Gaarder, une œuvre culte qui a déjà conquis des dizaines de millions de lecteurs dans le monde.

Le trailer Albin Michel

Les auteurs, ça ose tout ! Il fallait oser le faire et ils l’ont fait ! Vincent Zabus et Nicoby ont adapté ou plutôt actualisé en bande dessinée Le monde de Sophie, roman aux 50 millions de lecteurs de par le monde. Ce roman initiatique philosophique du Norvégien Jostein Gaarder paru en 1991 dans son pays puis en 1995 en France avait pour objectif de familiariser le grand public à l’histoire de la philosophie. Tout au long des 264 pages qui constituent le premier volet d’un diptyque, Vincent Zabus et Nicoby mettent en scène avec humour et poésie une Sophie version 2022, jeune fille engagée réfléchissant sur les problématiques actuelles. Ils ne trahissent en rien le récit originel mais au contraire, grâce à leurs trouvailles visuelles rendent la compréhension des concepts philosophiques encore plus accessible aux lecteurs d’aujourd’hui. Une très belle réussite !

Qui es-tu ? D’où vient le monde ? …

Un jour, en rentrant chez chez elle, Sophie trouve une enveloppe dans sa boîte aux lettres. Sur l’enveloppe, un nom, le sien : Sophie Amundsen; à l’intérieur, une feuille blanche et une seule question « Qui es-tu ? ». D’autres lettres suivront, d’autres questions. Mais qui est donc ce mystérieux et facétieux correspondant anonyme qui joue à cache-cache avec elle pendant toute la première partie du récit ? Lancée à sa poursuite, Sophie va nous entrainer dans une folle aventure spatio-temporelle dans laquelle elle va rencontrer les philosophes qui ont marqué leur temps et dialoguer avec eux, ce qui va lui permettre de réfléchir aujourd’hui aux grandes questions existentielles afin de mieux comprendre le monde qui l’entoure, qui nous entoure et surtout mieux se connaître.

D’où vient le projet ? Qui a eu l’idée ?

Comment est né ce projet un peu fou d’adapter Le monde de Sophie en bd ? Voilà ce qu’en dit Martin Zeller, l’éditeur.

Quand je suis arrivé chez Albin Michel, on a commencé avec une bande dessinée qui a très très bien marché qui est une adaptation de Sapiens : une brève histoire de l’humanité. Après un premier livre comme celui là, on avait envie de continuer. Mais quel phénomène éditorial mettre à la suite de Sapiens ? Ce n’était pas évident et très vite en fait Le monde de Sophie s’est imposé pour cette idée d’avoir une œuvre qui soit à la fois très narrative et qui soit complètement dans cette notion de la transmission du savoir pour un public très large. 

Quand on sait, chose très rare dans le domaine de la bande dessinée, qu’avant même sa publication en France, plusieurs pays dont la Chine et le Japon avaient déjà acheté les droits de traduction (16 langues prévues pour l’instant), on peut se dire que le roman graphique est bien parti pour suivre les traces de son aîné, roman traduit en plus de 60 langues.

Et les auteurs, qui sont-ils ?

Jostein Gaarder, l’auteur norvégien du roman a enseigné la philosophie et l’histoire des idées à Bergen en Norvège avant d’embrasser la carrière d’écrivain avec le succès qu’on lui connaît. Depuis, il a créé une fondation de défense de l’environnement, à laquelle il donne une part importante de ses droits d’auteur.

Convaincu dès la lecture du premier chapitre du roman graphique, il a non seulement accepté l’adaptation de son roman mais a également accordé une confiance totale aux deux auteurs en leur donnant carte blanche pour la suite.

Vincent Zabus, le scénariste s’est tourné vers le théâtre et la bande dessinée après avoir enseigné pendant sept ans la littérature et la philosophie en Belgique. Il est notamment l’auteur de deux récits pour la jeunesse Ombre et Incroyable ! qu’il a scénarisés à la fois pour le théâtre et pour la bande dessinée avec Hippolyte au dessin.

Je dirais que je suis un scénariste belge et si je devais répondre fondamentalement au plus profond de moi, je pense que je suis quelqu’un qui adore raconter des histoires. Déjà enfant, je faisais ça. Je suis aussi comédien. Je n’arrête pas aussi de raconter des histoires aux gens dans la rue parce que je fais du théâtre de rue et quand j’ai fini de faire ça, que je rentre chez moi, j’en écrit une sur le papier. Je suis un raconteur d’histoires.

Interview, Quai des bulles, 8 octobre 2022

Nicoby, dessinateur rennais que l’on retrouve régulièrement chez Spirou et à la Revue Dessinée,a lui une quarantaine de bandes dessinées à son actif dans tous les genres : autobiographie, humour, aventure, chronique sociale… Autant dire que graphiquement, il a plus d’une corde à son arc.

Je me considère comme un auteur de bande dessinée. C’est à dire que j’ai envie de raconter des histoires aussi mais il se trouve que moi mon moyen c’est les bandes dessinées. J’ai là que j’ai l’impression d’être le plus efficace.

Interview, Quai des bulles, 8 octobre 2022

Adapter oui mais comment ?

Dans le fonds …

Les auteurs sont restés fidèles au propos : ils ont conservé la trame, l’idée de vulgarisation dans le sens noble du terme, le chapitrage (chronologique jusqu’au baroque pour ce tome), la mise en abyme, les philosophes et les concepts abordés dans le roman.

Le roman, écrit il y a 30 ans, dans lequel Sophie défendait déjà les causes féministe et écologiste résonne avec nos préoccupations d’aujourd’hui. Les auteurs n’ont eu qu’à pousser un peu le curseur. Sophie est plus engagée que son aînée, participe (quand elle ne les rate pas … ) à des manifs pour la défense de l’environnement, défend l’égalité homme femme. Elle est plus mûre aussi. Sans doute est-ce dû au décès de son père. Toujours en voyage dans le roman, il est décédé dans la BD, ce qui donne plus de profondeur aux réflexions de Sophie quant à l’absence et au manque et lui permet de réfléchir avec pertinence aux concepts de vie et de mort. Les relations mère-fille ont également évolué. Alors qu’elles sont conflictuelles dans le roman, dans la bd, mère et fille sont au contraire plus à l’écoute l’une de l’autre.

Dernier point enfin, l’actualisation du point de vue philosophique en ajoutant un chapitre consacré à Averroès, philosophe musulman qui, au Moyen-Âge a réintroduit Aristote dans l’histoire de la philosophie occidentale. Non seulement on lui accorde aujourd’hui beaucoup plus d’importance qu’il y a trente ans mais aussi, mais c’est aussi une ouverture vers une autre culture.

les auteurs tiennent la forme.

Il leur a fallu relever plusieurs défis et de taille pour aborder l’histoire de la philosophie de façon amusante et ludique.

Alors ils se sont livrés à de véritables parties de ping pong, le scénariste envoyant un découpage précis case par case de la page au dessinateur qui lui renvoie le storybooard en y ayant apporté des modifications si nécessaire car ce qui semble facile théoriquement au scénariste ne fonctionne pas forcément graphiquement.

Défi n° 1 : Vincent Zabus considérant que l’échange épistolaire est l’élément moteur du roman, ils ont voulu le conserver. Pas facile, facile à mettre en scène de façon dynamique en bd …

Défi n° 2 : Comment représenter visuellement les concepts philosophiques ?

Tout d’abord, en jouant sur la spatio temporalité.

Ils ont remplacé le contenu explicatif des concepts philosophiques par des rencontres et des dialogues entre Sophie et les philosophes dans les lieux mêmes où ils ont vécu. Sophie va faire à la fois un voyage dans le temps et dans l’espace, captant ainsi toute l’attention du lecteur.

Ensuite en jouant sur le rythme, le mouvement de façon humoristique ou poétique. Faisant référence à Philémon de Fred, il y a le jeu avec les lettres (de l’alphabet) qui s’envolent, qu’elle attrape ou décroche mais aussi les lettres qu’elle reçoit. Ne la voit-on pas se glisser dans une enveloppe pour faire le voyage jusqu’à Athènes ? … Petite Sophie de l’autre côté du miroir…

En faisant preuve aussi d’une imagination débordante et d’une inventivité folle pour représenter simplement les concepts philosophiques complexes tels par exemple l’utilisation de Lego pour représenter la théorie de Démocrite.

Enfin, en jouant sur les codes de la bande dessinée. Outre le jeu sur le lettrage, Sophie entre en interaction avec les cases dont elle parvient même parfois à s’échapper, traduisant fort judicieusement visuellement la mise en abyme du roman …

Le trait énergique d’une grande lisibilité de Nicoby, la colorisation soignée de Philippe Ory contribuent grandement au confort de lecture et à la fluidité du récitt.

Défis réussis haut la main ! Cette adaptation du monde de Sophie est un petit bijou truffé de trouvailles visuelles, d’humour, une excellente invitation à voyager dans le monde des idées philosophiques.

Vous ai-je dit que la deuxième partie sortait en octobre 2023 ?

POUR ALLER PLUS LOIN

Le livre d’origine

L’interview des 2 auteurs à Saint Malo


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