Alex W. Inker


INTERVIEW téléphonique d’Alex W. INKER

(réalisée et enregistrée à RCN le 3 novembre 2022)

Alex Inker, bonjour

Nous sommes ravis de vous accueillir sur les ondes de RCN autour de Colorado train, votre dernier opus qui vient d’être couronné du prix coup de coeur à Saint-Malo. Colorado train coup de cœur pour Quai des bulles, coup de cœur pour moi aussi. Adaptation du roman éponyme de Thibault Vermot, l’album met en scène 4 ados (ils étaient 5 dans le roman) un peu paumés, déjà cabossés par la vie mais solidaires qui partagent cigarettes, premières gorgées de bière, virées en skate et trainent leur mal être le long de la voie ferrée jusqu’au jour où par goût de l’aventure, poussés par la curiosité de leur âge, pour se faire peur aussi, ils décident suite à la disparition d’une petite frappe de la ville, de mener leur propre enquête et vont ainsi se jeter dans la gueule du loup.

Ce n’est pas la première fois que vous adaptez un roman. Vous l’avez déjà fait avec brio pour Servir le peuple et Un travail comme un autre. Qu’est-ce qui vous a séduit dans le roman de Thibault Vermot ? Et qui dit adaptation dit suppression de certaines scènes et dans ce cas précis, comme pour Un travail comme un autre, vous avez également changé  d’époque ainsi que la fin du récit. Pouvez vous nous en dire un peu plus sur vox choix scénaristiques.

Pourquoi adapter un roman? C’est surtout ça la question. Je pourrais très bien écrire des histoires sans adapter de roman. Je l’ai déjà fait avec Apache, je l’ai fait avec Panama Al Brown qui reprenait la vie du boxeur et j’ai toujours des idées sous le coude. J’avais envie depuis longtemps de travailler sur les train hoppers, les hobos qui traversent les États-Unis sur des trains de marchandises. J’avais envie aussi de travailler une histoire qui se passe dans une époque plus proche, une époque que j’aurais pu vivre qui est les années 90. J’avais envie de travailler sur les États-Unis, j’avais envie de travailler sur l’adolescence. Donc ça c’était des projets que j’avais à côté et étant un auteur Sarbacane, j’ai l’occasion de rencontrer d’autres auteurs Sarbacane y compris des auteurs de roman et j’avais rencontré Thibault Vermot chez Sarbacane. On avait d’ailleurs travaillé ensemble sur un roman d’horreur déjà qui s’appelait La route froide qui était une réécriture horrifique de Construire un feu de Jack London et j’avais lu Colorado train.

Clin d’oeil p. 48 dans Colorado train

J’avais beaucoup aimé Colorado train le roman, l’histoire du roman et j’aurais aimé l’illustrer par exemple, ce que j’avais fait avec La route froide. Et je m’étais dit « Tiens j’aurais peut-être aimé l’adapter. Ça m’aurait permis de mon côté de travailler ces différents sujets si Thibault me laisse faire. C’est à dire je garde le fil de son roman: cette bande de jeunes, ce club des cinq un petit peu qui devient club des quatre aux États-Unis, ce qui est aussi un peu une réécriture de « The Body » de Stephen King. Si je garde le fil, je peux, une fois que j’ai retiré en gros tout ce qui ne m’intéressait pas dans la bd que je voulais en faire, accrocher tout ce que j’avais sous le coude, c’est à dire insister sur les hobos qui sont présents mais de façon beaucoup plus ponctuelle dans le roman, travailler sur les années 90 et tout ça c’est possible si Thibault me laisse faire. » Thibault était complètement d’accord. C’est ça en fait : je cherche un fil quand que je cherche un roman. Pour Un travail comme un autre, j’avais adoré le roman de Virginia Reeves. J’avais adoré sa description du couple. J’ai trouvé que c’était très très juste sur l’incommunicabilité, sur l’éloignement mais je trouvais que ça manquait parfois, pour en faire une bd (le roman est un très bon roman, je ne retire rien) mais pour en faire une bd, je trouvais que ça manquait d’enjeu et je m’étais dit moi qui ai adoré lire tous les grands romans de la grande dépression, qui ai adoré les reportages photos, tout ça, pourquoi ne pas le déplacer de 5 ans dans le temps et le déplacer pendant la grande dépression ? Ça rajoute un enjeu. On comprend mieux les choix du personnage de Roscoe.

C’est toujours ça en fait : j’ai toujours des sujets qui m’intéressent moi personnellement, pour lesquels je pourrais écrire des histoires mais parfois je me dis tiens c’est peut-être plus simple pour moi de choisir une histoire qui m’a beaucoup plu que j’aimerais adapter mais en y accrochant les différents sujets qui me tiennent à cœur.

C’est un peu comme ça que je vois l’adaptation. C’est un peu de la trahison. On n’est pas du tout dans l’idée « Tiens, c’est un super roman ; Je vis en faire une super bd en respectant tout ». Ça je l’ai fait avec Servir le peuple le roman chinois. J’ai voulu rester très près du texte. Je voulais justement en utilisant une imagerie, entre guillemets très officielle, celle de la propagande chinoise, travailler sur des anti-héros du peuple ce que sont les deux personnages principaux du roman mais avec l’imagerie des héros du peuple. Donc là il y avait plus une portée politique dans le choix graphique mais je voulais vraiment respecter le travail de Lianke Yan sur ses personnages, sur son histoire qui en plus est pour moi très exotique donc je ne pouvais non plus réinventer la Chine telle que lui l’avait vécue de l’intérieur. Donc voilà, C’est vraiment une façon de travailler différente entre les différentes adaptations que j’ai faites.

Vous avez parlé de trahison ; Moi plutôt que de trahison, je parlerais de réappropriation de l’histoire à laquelle vous mettez votre patte …

Oui c’est ça mais parfois les écrivains s’imaginent quand on leur dit qu’on va adapter leur roman qu’on va mettre des images sur leurs mots. Alors que c’est très très différent; enfin la démarche d’adaptation est très différente pour moi. Ce n’est pas mettre des images sur les mots de l’écrivain. Un très bon bon roman ne fait pas forcément une très bonne bd ou un mauvais roman peut contenir en germe le devenir d’une très bonne bd.

J’en connais. Je ne citerai pas de noms mais j’en connais…

Non, faut pas citer les noms quand c’est comme ça. Mais par exemple si on prend Psychose, qui est un exemple que tout le monde connaît, si on prend Psychose d’Hitchcock : c’était un roman de gare, ça a fait un chef d’œuvre du cinéma.

Vous avez déclaré à Saint Malo, que Colorado train est un cadeau à l’Alex de 15 ans. Or dans The body, justement dont vous parliez, la longue nouvelle de Stephen King à laquelle Thibault Vermot rend hommage, dans son roman également, les jeunes vont sur leurs 13 ans. Vous, vous ne mentionnez pas d’âge mais j’ai l’impression que vous les avez un peu vieillis et qu’ils seraient plus proches des 15-16 ans que des 12-13. Je me trompe ?

Oui. Ils sont plus proches des 15-16 ans, mes personnages, que les 12-13. J’avais vraiment envie de travailler sur l’adolescence, pas les pré-ados. Au final Colorado, je le vois pas comme l’état du Colorado. Ça se serait passé dans un autre état américain, ça ne me dérangeait pas de travailler autrement. Mais en revanche ce qui m’intéressait c’était « ado » dans Color-ado et « color », c’est à dire les différents nuances de l’adolescence. C’est un truc qui m’avait séduit dans le titre. Le titre est très beau : Colorado train… Alors bien sûr on pense au train qui est même très grand sur la couverture, mais c’est pas ça. Pour moi, il y a vraiment le côté adolescence. Je voulais travailler tant qu’il me reste un tout petit peu dans le corps de l’adolescence et là, on parle du micron (rires), Voilà je voulais travailler sur cet âge qui est un âge qui nous marque tous avant qu’il n’ait définitivement disparu. J’aurais pu travailler sur celle de mon fils mais c’est encore différent. Là je parle de l’adolescence des années 90 qui est celle dont j’ai les codes. C’est encore plus compliqué de travailler sur l’adolescence des années 50. Moi je ne suis pas dans American Graffiti, l’adolescence des années 2020, je ne la connais pas. Je n’ai pas les codes : Je suis déjà trop vieux. Donc, moi, je voulais travailler sur la mienne, celle que j’ai connue . Ben voilà Colorado, c’est aussi les couleurs de l’adolescence.

Alors, vous parlez des couleurs de l’adolescence. En revanche le roman graphique est totalement en noir et blanc. Colorado train, c’est une claque au niveau du propos, mais c’est aussi une claque au niveau du graphisme. Vous avez délaissé la bichromie ou trichromie de vos précédents albums, vous avez opté pour un puissant noir et blanc texturé qui nous happe dès les premières planches. Le Noir envahit les pages lors des nombreuses scènes nocturnes avec une utilisation magistrale de la lumière alors qu’on va se noyer dans le blanc lors de l’épisode se déroulant dans la neige.

Vous ne cessez de nous surprendre, les pleines pages étant tour à tour, des moments de respiration comme par exemple ce paysage qui rappelle Twin Peaks (page 169) où au contraire se révèlent être de véritables électrochocs pour le lecteur. Je pense notamment à celle de la découverte du corps de Moe dans la grotte ou à celle représentant Calvin vêtu d’un tee shirt Batman braquant vers nous sa lampe torche alors que derrière lui se dresse le tueur.

Alors le noir et blanc ?

Alors déjà la bichromie et la trichromie de mes albums précédents, c’est toujours quelque chose qui tend vers le noir et blanc. Il y a toujours l’idée de travailler sur le dessin. Moi, j’aime beaucoup le dessin. J’aime beaucoup écrire des histoires, j’aime beaucoup écrire les dialogues mais j’aime autant dessiner. Pour moi, c’est deux étapes de travail dans lesquelles je prends autant de plaisir. Un jour, je me mettrai peut-être à écrire des scénarios pour d’autres. Là bientôt je vais travailler avec Thibault, toujours Thibault Vermot, sur un autre album où je serai le dessinateur essentiellement même si je participe au scénario. Ça va être autre chose. Il y a vraiment un travail sur l’ordre d’idée que les couleurs de l’adolescence sont les couleurs émotionnelles mais je voulais pour travailler l’horreur arriver à ce noir duquel peut surgir le monstre justement. C’est toujours l’idée de surprendre le lecteur par le dessin et ça c’était un vrai challenge pour moi. Il y avait ce côté réussir à faire peur avec des images. C’est quelque chose qui est compliqué même pour moi en tant que lecteur. Je ne suis pas un lecteur hypersensible à tout ça mais je voulais essayer, je voulais relever le défi. Ces images qui sont des pauses, sont plus un travail sur le rythme total de l’album où j’ai besoin de faire respirer mon lecteur mais il y a aussi la page qui se retourne et là, c’est le le choc visuel comme pour le cadavre dont vous parliez. Mais parfois sur des grandes images comme celles qui peuvent vous rappeler Twin Peaks, ou même le champ-contrechamp à 500 mètres avec le tueur dans la grotte et les flics en bas dans la rue, c’est vraiment l’idée de laisser le lecteur se balader dans l’image, de le laisser respirer avant de reprendre un petit peu le train de l’histoire.

Cet album a été pour moi un coup de cœur mais également un coup de poing à la limite de l’uppercut car vous abordez là un genre peu exploré dans la bande dessinée franco belge : le thriller horrifique teinté d’un soupçon de fantastique avec la légende du Wendigo et il faut bien reconnaître que certaines scènes font froid dans le dos. En abordant ce genre, êtes-vous allé regarder plutôt du côté des comics ou des mangas ?

Il y a plusieurs influences. Il y a forcément le manga car pour trouver un rythme d’horreur ils sont très très bons. Je pensais à Junji Ito. Junji Ito essentiellement parce que le dessin est magnifique mais en plus il arrive à créer des atmosphères lovecraftiennes. Il s’inspire beaucoup de Lovecraft donc ce sont des atmosphères pesantes de petites villes, de villages avec une sorte de folie que tout le monde partage. Il y a toujours un personnage qui se retrouve seul face à toute cette population. C’est un peu ce que j’avais en tête avec mes personnages puisque ce sont des ados mais on est dans une Amérique qui est devenue folle un petit peu, avec des adultes qui sont complètement dépassés et eux doivent se débrouiller. En fait c’est plus du côté du manga, l’idée qui vient tout de suite. Et du côté des Américains, on va plus être du côté du comics des années 70-80, des trucs assez crades comme Eerie and Creepy, donc là c’est des images qui sont à la limite du burlesque. mais aussi là pour en revenir un peu à Stephen King, quelqu’un qui l’a illustré aussi, c’est le dernier et là on a des images qui sont aussi très belles et vraiment terrifiantes. Donc on est un pied dans les 2 ; Au niveau du rythme, plus proche du manga je pense dans ce que j’ai voulu créer et du côté du dessin peut-être plus proche des Américains qui dans tous les cas sont dans mon panthéon d’auteurs qui m’ont donné envie de faire de la bd. Là dans mes derniers coups de cœur enfin, mon grand coup de cœur de cette année – on est sur du noir et blanc – c’est Valentine Cuny-Le Callet avec son Perpendiculaire au soleil. C’est vraiment une image qui marque. L’année dernière c’était Barry Windsor-Smith Monstres, une claque visuelle. On est encore sur du noir et blanc pour les 2 . En tant que lecteur, j’aime beaucoup le noir et blanc. Je me souviens encore de ma claque visuelle quand j’étais ado quand j’ai découvert Crumb. J’ai toujours évolué comme ça. Le type qui m’a donné envie de dessiner au pinceau, pareil. Quand j’avais … j’avais quoi, j’avais 17 ans, j’étais à Saint Luc, c’est quand je découvre le travail de Charles Burns (j’étais en symbiose) avec Black Hole C’est toujours ces images effrayantes, cette monstruosité. Je pense que je dessine vraiment avec une pensée en noir et blanc. Si je suis chez Sarbacane aujourd’hui et si je reste chez Sarbacane aussi, c’est parce que j’ai découvert un auteur quand j’étais beaucoup plus jeune c’était Frantz Duchazeau avec Le rêve de Meteor Slim et c’est lui qui m’a donné envie d’aller chez Sarbacane. En fait tous mes choix sont des choix en noir et blanc.

Sarbacane auquel vous êtes resté très fidèle puisque les 6 albums …

Oui parce que ça se passe très bien et je suis très heureux chez Sarbacane mais j’y suis allé pour Frantz Duchazeau à l’origine. C’est parce que je me suis dit  tiens un dessinateur comme ça il peut faire ce genre de livre, avec ce format, avec tout ça ça me donne envie d’y aller quoi ! 

Et je pense que la prochaine bd si elle n’est pas en noir et blanc, elle sera en bichromie puisque je parle du Berlin des années 20, d’expressionnisme allemand. On est sur quelque chose de très graphique où l’ombre et le noir ont une place très importante. Donc j’imagine quelque chose de plus charbonneux de ce que j’ai fait là avec Colorado train. Mais en tête j’ai pensé forcément à Fritz Lang puisque c’est un des personnages principaux de l’album mais aussi à Murnau. En ce qui concerne Murnau, on est sur un noir et blanc filtré, filtré de bleu, filtré d’orange, filtré de jaune et ça ça m’intéresse aussi beaucoup, à poser des filtres sur du noir et blanc. Donc on est quand même sur un dessin qui a pour base le noir et blanc.

Nosferatu le vampire , Murnau (1922)

Ce que j’aime beaucoup chez vous, c’est votre scénarisation où la narration se fait par l’image, votre écriture à l’os, votre découpage cinématographique, votre sens du rythme, la tension qui va crescendo, l’empathie que vous suscitez pour vos personnages, votre sens du détail que ce soit pour la représentation des trains, des voitures (très documentée) ou des personnages  leur aspect physique, leur expressivité. Tout sonne juste et nous fait pénétrer en plein cœur du récit. On tremble pour eux, avec eux . Votre recette ?

Déjà, pour le premier point que vous avez abordé, qui est celui de l’image et du texte, j’ai toujours eu dans mes recherches, les recherches que je faisais autour de la bd donc plus dans la théorie, ce problème de la bd de marier texte et image, qui n’est pas un vrai problème au final, c’est plutôt une richesse. Mais le vecteur principal du regard du lecteur, ça va être le texte. Donc il passe à côté d’une partie de l’image. J’ai toujours dit « Il faut distribuer les informations, il faut parfois contrarier la lecture de ton lecteur. » C’est à dire pour travailler, faire des images très denses, très détaillées qui ne sont pas lisibles d’un regard. C’est pour ça que je fais des images avec énormément de détails dans ce livre qui sont parfois à la limite de l’illisibilité si on ne s’y attarde pas. C’est justement pour contrarier la lecture et donc ralentir le rythme.

Et là ensuite j’ai envie – c’est là que le scénariste se bat contre le dessinateur, parce j’ai très envie que mon lecteur s’attarde sur les dessins. C’est à dire que je ne passe pas des journées complètes à dessiner pour qu’il survole… (Et moi je le fais aussi en tant que lecteur….) Je n’ai aucune envie qu’on passe à côté de certains détails. Alors d’accord, c’est des livres qui parfois demandent une deuxième lecture comme quand je cache des signes hobos à droite, à gauche. En fait le lecteur qui fait attention peut comprendre l’histoire à travers les différents indices mais il peut la comprendre une seconde fois d’une façon différente en retrouvant ces indices dans une lecture qui ne serait plus la première lecture qui est toujours une lecture rapide, peut-être plus rapide que retourner sur les dessins.

Parfois il y des gens (c’est rare maintenant) qui me disent « je ne lis pas de bd, je n’arrive pas lire de la bd parce que j’ai toujours l’impression d’être dans la concurrence entre l’image et le texte« . Je dis « C’est normal : c’est le principe de la bd d’être dans cette concurrence« . Mais souvent les lecteurs lisent en 2 fois. Il y a une première lecture qui sera rapide et on se laisse aller dans le flux et c’est parfois très bien parce c’est comme ça qu’on a la surprise, c’est comme ça que le scénariste arrive à vous retourner comme une crêpe. Après il y a une seconde lecture où on revient sur les images et où on peut s’attarder. Parfois il y a des albums qui sont très bien dessinés mais à côté de ça le scénario ne tient pas la route et parfois c’est le contraire : le dessin au final est juste le support d’une super histoire…

Ce qui n’est pas le cas ici. C’est un album qui fonctionne super bien et c’est vrai qu’une deuxième lecture voir une troisième…. Moi dans vos planches, je retrouve toujours un petit détail, qui m’a échappé.

Si vous voulez des petits détails à trouver, dans le capharnaüm du campement de hobos, j’ai mis tout un tas de trucs, d’objets, de pancartes qui viennent de mes précédents albums : la radio d’Apache , la pancarte de Servir le peuple, les gants de boxe de Panama Al Brown, les rouleaux de fil d’Un travail comme un autre. J’aime bien aussi tisser des liens entre mes différents albums.

Puisqu’on est dans les détails, j’ai bien aimé aussi les tee-shirts du petit frère. On va retrouver Ice Simpson, Batman … c’est des tas de petits détails qui font qu’on s’y retrouve …

C’est aussi une culture que j’avais. Aujourd’hui c’est une culture qui est devenue hyper populaire. Tout le monde l’a. En fait c’est comme si les adolescents qu’on était avaient continué à grandir en tant qu’adolescents. Mon fils aussi a des tee shirt Batman. Il y a une part de continuité, comme si on n’avait pas voulu grandir et du coup c’est peut-être bien pour moi car ce livre va peut être drainer plus de lecteurs que ceux qui se déroulent dans notre époque. Il y a ce côté où on est très à l’aise, on est un peu à la maison avec ces personnages. C’est ça qui me plaisait dans mon travail d’écriture, c’est que j’étais très très proche de ces quelques personnages : j’avais en tête des amis qui étaient ce type de personnages et même dans les intérieurs, les produits, tout ça, c’était très confortable pour moi de travailler enfin, enfin sur une époque que j’avais connue. Bien que je retourne après, c’est différent, travailler sur les années 20, le cinéma allemand, c’est quelque chose qui moi en tant qu’ancien étudiant en cinéma m’a énormément travaillé de l’intérieur même dans mes images. Je pense que si je travaille autant le noir et blanc, c’est aussi pour des coups de cœur cinématographiques que j’ai eus en tant qu’étudiant en cinéma sur le cinéma des années 30. Pour l’écriture, je pense souvent à Renoir. C’est ça en fait, on est fait de plein de choses et Colorado train est peut-être l’une des choses les plus intimes que j’avais puisque c’est l’avant, avant de passer par les études, avant de passer par toute la culture qu’on a à partir de 15, 16, 17, 18 ans. Là c’est vraiment le tout début. À 15 ans, je me serais reconnu là-dedans. C’est pour ça que je dis que j’aurais aimé l’offrir à l’Alex de 15 ans parce que je m’y serais retrouvé complètement. Il avait ces références-là. Il aurait découvert des choses qui lui auraient sans doute plu et je pense qu’il aurait été content de savoir qu’à 36 ans il ferait ce genre de livres.

Je crois que c’est une belle conclusion. Et bien merci beaucoup Alex

Merci beaucoup pour l’invitation. Merci aussi pour la lumière que vous mettez sur mon livre.

Interview de Francine VANHEE

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