Expo Visages


Expo « Visages »

Goethe institut Paris

Jusqu’au 11 avril 2023

Le 22 janvier dernier nous avons célébré le 60ème anniversaire du traité de l’Elysée et rappelé ainsi l’importance de l’amitié franco-allemande ou germano-française. Dans le cadre de cet anniversaire, le Goethe Institut de Paris organisait une exposition gratuite sur la nouvelle saga de Glénat, une tétralogie intitulée « Visages-ceux que nous sommes » dont le premier tome « Derrière les signes ennemis » vient de paraître.

UNE HISTOIRE FRANCO-ALLEMANDE

Cet album narre l’histoire d’amour impossible sur fond de Première Guerre mondiale entre un jeune Breton Louis Kerblaz, artiste qui s’est engagé dans le conflit par amour pour la France, et Lieselotte Ruf, une jeune infirmière austro-allemande qui s’est portée volontaire sur le front pour ne pas être loin de son cousin Peter un alsacien qui a choisi de combattre aux côtés des français. Au fil des 4 tomes (qui paraîtront tous en 2023) nous allons suivre de 1900 à 1954 le destin de ces trois personnages, d’un de leurs amis irlandais, et de deux de leurs descendants qui vivront également une histoire d’amour compliquée par les conflits. Chaque protagoniste, emblématique par ses mélanges identitaires, se conduit différemment sous le poids de l’Histoire et de son histoire personnelle.

A l’image de ces personnages, les scénaristes sont d’origine cosmopolite : Miceal O’Griafa-Beausang est né à Paris d’un père irlandais et d’une mère chilienne tandis que Nathalie Ponsard-Gutknecht a fondé une famille franco-allemande. Ils ont livré un travail colossal puisque l’écriture de cette aventure humaine a commencé il y a plus de huit ans.

La scénariste est également graphiste et a organisé la scénographie de cette exposition très riche et didactique à la fois puisqu’elle s’inscrit dans le « devoir de mémoire » et se présente comme avant tout à destination des scolaires ( des visites pédagogiques sont organisées à la demande) mais pas que. Comme les auteurs (au duo de scénaristes s’ajoute Aurélien Morinière au dessin) l’indiquent en avant propos de cette exposition :

« L’Histoire n’est pas dans les livres ; on l’écrit chaque jour et nous en sommes tous les acteurs passifs ou actifs. L’identité s’exprime par des choix et des prises de position qui forgent nos valeurs ; elle définit également notre sens de la vérité. Les auteurs ont souhaité également montrer à quel point les valeurs identitaires se transmettent. Leurs enfants respectifs sont issus de paysages culturels multiples et cette BD est d’abord écrite à leur intention mais aussi pour tout un chacun.

La Grande Guerre a marqué le début de notre histoire contemporaine avec des questionnements qui persistent et d’autres qui évoluent Or en temps de crise, ces interrogations sur notre existence et notre identité prennent un sens plus concret, plus angoissant, un caractère d’urgence aussi. »

UNE ORGANISATION TRIPARTITE

L’espace est divisé en trois grandes parties : on a d’abord des panneaux qui retracent le making of de la série puis la présentation de planches originales et de trois thèmes principaux abordés dans l’œuvre ainsi que leur retentissement dans la perspective de fondation de l’Europe des Nations

enfin au sous-sol un espace interactif d’expression dans lequel le visiteur peut s’exprimer sur son identité (« dessine qui tu es ») et sur les relations franco-allemandes. Chaque espace est délimité par un code couleur et à chaque personnage correspond un pictogramme.

©NPG graphic


Le parcours est donc extrêmement lisible et plaisant.

MAKING OF D’UNE BANDE DESSINÉE D’AVENTURES

Dans des panneaux très documentés , les auteurs décrivent l’origine de leur projet, le choix de leur éditeur, fournissent leur dossier de présentation comprenant notes d’intention, synopsis extrêmement détaillé ( avec description du décor, dialogues, angles de prise de vue, indications de points de vue et pistes d’atmosphères) , études de personnages et planches tests.

Le projet

Les personnages

On peut consulter également les chemins de fer des 4 tomes. Il est aisé de s’y repérer via les pictogrammes symbolisant les personnages et les codes couleurs qui marquent les va et vient entre les époques.

On remarque aussi comment les scénaristes fonctionnent de façon très visuelle en fournissant au dessinateur parfois des « pré-planches » avec un découpage en cases en collages dans lesquels sont insérés certains documents iconographiques glanés dans des films documentaires ou de fiction.

On a enfin l’évocation du travail du dessinateur grâce à l’exemple des différentes étapes nécessaires à la création d’une case d’une planche du tome 3.

Du synopsis à la case

L’HISTOIRE VISAGE DE L’AVENTURE HUMAINE

Les deux autres parties de l’exposition cherchent à répondre à la problématique au cœur de la saga :

« Qu’est-ce qui détermine au final notre identité ? Qu’est-ce qui constitue ceux que nous sommes ? Face à une Histoire qui se répète, les enfants réagiront-ils comme leurs parents ? L’union des différences n’est-elle pas préférable aux conflits et aux rancoeurs, préfigurant ainsi, en miroir, la formation de l’Europe des Nations ? »

Elles évoquent à la fois la construction identitaire et la construction de l’Europe (deuxième partie espace violet) et le rôle des médias, les notions d’engagement, de résistance et de devoir de mémoire (espace vert) à travers les destinées des personnages dans les tomes 1 à 3.

C’est une exposition riche qui permet de mieux comprendre le parcours artistique des trois auteurs et peut-être de faire découvrir à certains les coulisses d’une BD. Mais elle est surtout l’occasion d’admirer les magnifiques compositions d’Aurélien Morinière ( puisque les planches sont ici en format raisin, vierges de lettrages et ne subissent pas la pliure de l’album).

© NPG graphic

On redécouvre ainsi des compositions magnifiques dans leur symétrie et leurs multiples détails du tome 1 mais aussi des tomes 2 et 3. On peut également réfléchir sur le fondement de nos identités et la pertinence de la création de l’Europe des Nations. Le tout prenant un écho particulier dans les murs du Goethe Institut à l’aune de la situation belliqueuse à nos portes.

Il est à noter que cette exposition qui s’achève le 11 avril va ensuite tourner dans les 7 Goethe instituts français et qu’à partir du 11 mars une nouvelle exposition sur la saga commencera au Musée de la Grande Guerre de Meaux dans laquelle les planches seront mises en regard des collections permanentes du Musée et permettront au visiteur de mesurer tout le travail documentaire effectué par les trois auteurs en amont.

©M2GM

Texte et photos Anne-Laure GHENO

(Bd Otaku)

POUR ALLER PLUS LOIN

La chronique de l’album

À venir


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