Expo Édith : « La maison jaune«
Maison de la BD Blois
jusqu’en mars 2023

C’est une maison bleue adossée à la colline… Non jaune d’or plutôt, comme celle du « Trio Bonaventure » qui fut le début de la longue histoire d’amour entre Edith et le festival de bande dessinée de Blois. En effet, le premier tome de cette trilogie jeunesse, intitulé « La Maison jaune » obtint en 2003 le prix de la Ligue de l’enseignement traditionnellement remis à Bd Boum …. Et c’est presque vingt ans plus tard qu’Edith fut déclarée « Grand Boum » pour l’ensemble de son œuvre en 2021. Enfin son œuvre passée parce qu’elle est loin d’avoir jeté ses pinceaux et fini de nous éblouir !

Donc c’est fort logiquement qu’une grande expo lui est consacrée à la maison de la BD que vous pourrez continuer d’admirer jusqu’au mois de mars. Et cette expo s’intitule …. « La maison jaune » en souvenir de ce premier tome qui lui a porté chance et parce qu’accueillante et chaleureuse, elle égaie le festival comme l’affiche du même ton qu’Edith a dessiné pour Bd BOUM 39.


L’autrice déclare elle-même :
« J’ai réfléchi à la date du festival, au climat de cette fin novembre et je me suis dit qu’il fallait que j’apporte un peu de soleil ! J’ai pensé à un beau jaune d’or. Avant même de savoir ce que j’allais dessiner, je savais que l’affiche serait jaune d’or ».

Sur cette affiche, on remarque à travers la fenêtre du château de Blois le passé historique de la ville via quelques éléments d’architecture (les toits et le pont) mais surtout une jeune femme du XIVe siècle comme le montre sa coiffure et le tissu de sa robe ornée de salamandres – l’emblème de François 1er _ occupée à dessiner à la plume. A la manière du « Feuilles volantes » d’Alexandre Clerisse, Edith met en scène avant l’heure (mais ne l’avait-telle déjà pas fait avec son complice Corcal dans « La chambre de Lautréamont » ?) une autrice de bande dessinée car on aperçoit des feuilles avec des planches et des cases et elle écrit aussi un texte en vieux français donc il s’agit également d’une scénariste.

Ce n’est pas un autoportrait mais cela rappelle le parcours d’Edith : illustratrice pour livres pour enfants (plus particulièrement pour la collection « Pastel » de L’école des loisirs), dessinatrice, mais aussi adaptatrice et même tout récemment scénariste originale pour son prochain projet qu’elle préfère garder secret ! Cette très belle affiche nous convie donc à entrer dans le monde de l’artiste.
C’est une visite intime voire intimiste. Lumière tamisée et dès l’entrée une photo d’enfance qui vous saisit. Celle de la toute jeune Edith qui pour combler l’ennui des étés qui n’en finissaient plus (c’était l’époque où les vacances duraient de fin juin à mi septembre), dessinait sans relâche. D’emblée on comprend que le dessin et sa vie sont indissociables comme le souligne également la notice bio/bibliographique.




Ensuite ? Edith a elle-même proposé une sélection d’originaux à Bruno Genini le directeur du festival et explique que « comme c’est un prix pour la carrière, [elle] voulait mettre un peu des albums les plus représentatifs ». On y découvre ainsi des planches de la pentalogie « Basil et Victoria », mais également du « Trio Bonaventure » bien sûr ainsi que du diptyque « Eugène de Tourcoing Startrec » et quelques planches des « Hauts de Hurlevent » et des one shots « Le jardin de minuit » et « Emma G Wilford » Des objets du passé (une valise, un vieux gramophone) viennent compléter cette visite dans le temps car la majorité des œuvres se déroule à la fin du XIXe. Son dernier-né « Séraphine » est également présent mais sous forme de reproductions grand format de quelques planches puisque pour la première fois, Edith a travaillé pour cet opus entièrement en numérique.








Comme ce que préfère Edith lorsqu’elle se rend dans des expos c’est découvrir le processus créatif, elle a aussi décidé de « faire un pêle-mêle avec des recherches et des cases pour montrer la façon dont [elle] procède » et choisit ainsi de réaliser des vitrines avec des crayonnés, des essais de lavis et même de petits carnets de recherches.


Elle a sciemment choisi de multiplier supports et formats car elle déteste les expos uniformes qui « produisent une répétition un peu stroboscopique » et puis cette absence de monotonie lui ressemble bien, elle qui se dit « bordélique ». Elle décrète qu’elle ne peut pas faire une expo trop linéaire et que « s’il y a un petit côté foutraque cela [lui] correspond mieux ! » N’allez pas cependant imaginer un véritable capharnaüm ! Non, l’exposition est superbe avec ses couleurs pimpantes et ses cloisons en treillis de jardin peints en jaune d’or et plantés de fleurs qui donnent un côté transparent et aérien à l’ensemble comme les luminaires en papier de riz et met bien en valeur les différentes facettes et talents du Grand Boum 2021.


Profitez-en avant de découvrir celle de l’an prochain qui sera consacrée à Joos Swarte !
Chronique d’Anne-Laure GHENO
(Bd Otaku)



















